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La prime à la casse est-elle vraiment écolo ?
jeudi, 11 février 2010
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Lors de son lancement il y a un peu plus d’un an, le gouvernement a vanté ses mérites à tous vents. Mais la prime à la casse est-elle vraiment si bénéfique pour l’environnement ? Ou n’a-t-elle finalement servi qu’à soutenir un secteur ébranlé par la crise ?
Les chiffres de PSA sont en berne. Cette année le constructeur automobile affiche une perte de 1,16 milliard d’euros. Et s’attend à une année plus difficile encore. Car la prime à la casse touche lentement à sa fin. Lancée en décembre 2008 à 1 000 euros, elle ne s’élève plus aujourd’hui qu’à 700 euros. Dès le 1er juillet, elle descendra à 500 euros avant de disparaître courant 2011. Mais a-t-elle bien rempli sa mission ?
Certes, la prime à la casse c’était le moyen de redonner un peu de baume au cœur à un secteur automobile en difficulté. C’était aussi l’occasion de faire une BA environnementale. En incitant les Français à abandonner leur auto vieille d’au moins dix ans, le gouvernement espérait en effet lancer sur les routes françaises une armée de véhicules plus propres. Gagné. Selon Patrick Devedjian, ministre chargé de la relance, 600 000 primes sonnantes et trébuchantes auraient été versées aux Français en 2009. La mesure gouvernementale aurait donc concerné un quart des 2,26 millions de véhicules vendus l’an passé dans l’Hexagone. Mais voilà. Si l’État peut se vanter d’avoir renouveler le parc automobile français, le bénéfice environnemental est loin d’être évident... A court terme notamment.
Car les 600 000 véhicules neufs achetés par les Français ont, à leur manière, pesé sur la balance environnementale. Les pièces qui les équipent ont en effet été fabriquées et transportées tandis que l’assemblage du véhicule a occasionné à son tour l’émission de plusieurs tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Prenons un exemple. En troquant sa vieille Twingo pour une plus récente, François n’émet plus désormais que 130 grammes de CO2 au kilomètre contre 143 g en l’an 2000. En clair et en résumé, il réduit ses émissions de 13 grammes à chaque kilomètre parcouru.
Sauf que, à en croire l’Analyse de cycle de vie (ACV) réalisée par Renault en 2007, la fabrication d’une Laguna 3, c’est environ 4,7 tonnes de CO2 rejetés dans l’atmosphère. Certes, la Laguna n’est pas une Twingo. Mais les processus de fabrication sont globalement les mêmes. Revenons à François. Il lui faudra donc parcourir 360 000 kilomètres avant que la baisse de ses émissions routières n’annule l’achat de sa nouvelle Twingo. Or, en bon Français moyen, celui-là parcourt en moyenne 12 800 kilomètres chaque année sur la route. A ce rythme, il devra donc garder sa voiture 28 années pour effacer sa dette environnementale. Or selon le comité des constructeurs français des automobiles, les Français changent en moyenne de véhicule tous les huit ans...
Mais dire que le gouvernement a fait chou blanc avec sa taxe carbone serait injuste. Car en poussant les Français à acheter des véhicules plus propres, il a participé à la prise de conscience. Mieux, il a encouragé les constructeurs à imaginer des véhicules plus propres.
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Photo : Auntie P