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L’insupportable taxe poids-lourds
jeudi, 16 octobre 2008
/ Etienne Burkel
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Le principe de l’ancienne "taxe poids-lourds", rebaptisée "éco-redevance", a été adopté dans la nuit de mercredi à jeudi à l’Assemblée. Amorce d’une vraie transition modale ou mesure-vitrine ? Ni les écolos, ni les routiers ne sont satisfaits.
À l’origine, les discussions du Grenelle de l’environnement avaient débouché sur une conclusion simple : l’automobile est une des causes les plus importantes de l’émission de gaz à effet de serre. L’urgence est de réduire le trafic, et notamment le TRM (transport routier de marchandise).
Alors que la Fédération nationale du transport routier (FNTR) s’attendait à un surcoût de 0,05 à 0,30 centimes d’euros par kilomètre, elle ne sait aujourd’hui plus sur quel pied danser. "Quoi qu’il en soit, il ne s’agit en aucun cas d’une taxe environnementale !", s’emporte Nicolas Paulissen, directeur général adjoint de la FNTR. "Car elle ne touche ni les particuliers, ni les autoroutes. C’est juste un moyen pour l’État de remplir les caisses après la privatisation des autoroutes en 2005".
Mais le reste de la profession s’insurge aussi contre une mesure jugée "inefficace" et "discriminatoire", dit Nicolas Paulissen. "La FNTR a proposé des alternatives au moment du Grenelle, et continue de le faire, mais n’est pas écoutée". Selon lui, notre société de consommation et la progression galopante des commandes sur internet encouragent le recours aux camions. Il cite aussi un rapport d’experts selon lequel "quels que soient les efforts faits, seuls 5,32% des marchandises aujourd’hui acheminées par la route pourront être pris en charge par d’autres modes", comme le transport fluvial ou ferroviaire.
La FNTR accuse aussi la redevance de pénaliser en bout de ligne le consommateur. Les nombreuses dérogations concédées pendant le débat nocturne comprennent en effet une autorisation de répercussion des coûts de la redevance sur les clients. Des grossistes qui risquent de hausser les coûts des produits à la vente au détail.
Des arrangements dont se seraient bien passé les pro-environnement. "L’esprit du Grenelle a été perdu dans ce texte", se désole Michel Dubromel, "alors qu’il s’agissait d’un volet primordial". Au final, personne ne parait approuver ce texte, trop timoré pour les uns, létal pour les autres. Et plus encore, chacun semble convaincu qu’il ne s’agit que d’une énième mesure fiscale qui, dans son état actuel, ne revêt aucun intérêt écologique. Et ne mènera à aucun report modal. Un coup d’épée dans l’eau.
L’étude de Patrice Salini pour l’UPR (à télécharger)
Le communiqué commun du 14 octobre (avant le vote à l’Assemblée) rédigé par le GFI et la Fédération des entreprises du TLF