https://www.terraeco.net/spip.php?article6331
|
L’internationale de la récup’
mercredi, 20 février 2008
/ Caroline Boudet
|
Sur le Net, tout se vend. Dorénavant, avec Freecycle, tout se donne. Et se récupère.
"La toute première fois, j’ai récupéré une imprimante un peu vieillotte mais qui fonctionnait encore, raconte Sandrine. Puis j’ai commencé à voir mon appartement sous un angle différent, avec tous les objets qui m’encombraient et que je n’osais pas jeter. C’est comme ça que j’ai rechuté et que j’ai commencé à donner !" Deux millions de personnes à travers le monde sont des "Freecyclers". Des membres incorrigibles du site Internet Freecycle, dont la devise consiste à "changer le monde grâce à des dons quotidiens". En France, il existe 23 groupes qui regroupent 6 000 aficionados.
Ils sont organisés en antennes locales, contrairement aux sites d’enchères en ligne. "L’explication est simple, avance Béatrice Bilvin, l’une des modératrices du groupe parisien. A l’échelle locale, les membres s’évitent les frais de port et l’acquéreur doit seulement se déplacer jusqu’au domicile du donateur afin de récupérer l’objet." L’idée a germé en 2003, au fond de l’Arizona, dans le crâne d’un chercheur écolo dénommé Daron Beal. L’homme, qui travaillait dans une entreprise de recyclage, était désespéré face aux montagnes d’ordinateurs abandonnés et aux machines à laver prenant l’air, tambour ouvert dans les champs. Pourquoi ne pas refiler au bricoleur d’à côté la vieille tondeuse à gazon condamnée à la décharge ? Chiche ! Il se jette sur Internet et bricole un portail avec trois fois rien. Freecycle vient de naître.
Quant à la volonté de Freecycle de pousser ses membres vers une prise de conscience anti-consumériste, l’effet reste à démontrer. La modératrice... modère : "Depuis que je suis inscrite, je jette moins, c’est sûr, mais je n’ai pas franchement commencé à acheter moins." Freecycle est encore bien loin d’avoir rallié tous les internautes à ses idéaux de décroissance, mais l’initative a essaimé bien au-delà des Etats-Unis et de l’Europe. Azerbaïdjan, Chine, Trinité-et-Tobago : le réseau s’est converti en Internationale de la récup’.