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L’Europe, la grande absente du Bourget
mercredi, 9 décembre 2015
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
On l’attendait au tournant, comme garante d’un accord ambitieux. Pourtant, à la COP21, l’Union européenne brille par son silence. Trop engluée dans ses contradictions internes. Explications.
195 pays et une grande absente : l’Union européenne (UE). Pourtant, son pavillon est bien là. Ses délégués assistent sagement aux réunions. Mais de leadership, point. « On attendait beaucoup de l’UE, qu’elle joue un rôle de passerelle entre les Etats sur des points délicats. En réalité, elle a beaucoup de mal à exister sur le plan diplomatique », expliquait à Terra eco Célia Gautier, du Réseau Action Climat en début de conférence.
« Le propre de l’UE, c’est de passer son temps à négocier avec elle-même. Elle tente de régler ses problèmes d’unanimité interne. Tant qu’il n’y a pas d’accord à 28, elle ne peut pas aller voir les autres pour leur dire quoi faire », décrypte Pierre Radanne, directeur de Facteur 4 et habitué des COP. Et l’expert de rappeler l’insuffisance de la copie rendue par l’Europe aux Nations unies : son INDC est « deux fois plus courte que celle du Liechtenstein. Elle promet une réduction de 40% de ses émissions, mais ne précise rien sur les modalités ». C’est parce qu’il faut une unanimité qu’elle est paralysée, « prise en otage » par la Pologne, aux positions peu ambitieuses en matière de climat. Mais ça en arrange bien quelques-uns. « L’Italie, l’Espagne, l’Autriche se cachent derrière la Pologne », poursuit Pierre Radanne.
Si l’Europe ne bouge guère, c’est aussi qu’elle est peu mise sous les projecteurs. « L’Europe est toujours dans une dynamique qui consiste à dire que le paquet énergie-climat (qui a un objectif de 40% de réduction d’émissions en 2030 notamment, ndlr) est tellement bon qu’elle n’a rien à négocier. Dans cette conférence, elle n’est pas un acteur moteur parce qu’elle considère qu’elle fait le boulot », estime, critique, Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie - Les Verts. Et les autres se laissent convaincre. Aussi ne l’attaquent-ils guère. « A part les ONG, il n’y a personne pour perturber la paralysie de l’Europe. Il n’y a pas de pression extérieure pour faire bouger l’UE », poursuit-il. Pourtant, de l’avis de tous, elle pourrait faire bien mieux. Elle a d’ailleurs d’ores et déjà atteint la cible de 20% de réduction d’émissions qu’elle s’était fixé pour 2020. A peine le chef de la délégation chinoise, Xie Zhenhua, a-t-il insisté, lors d’une rencontre avec la délégation du parlement européen. « Il nous a dit qu’il estimait que l’UE pouvait faire beaucoup plus en matière d’objectifs », se souvient Yannick Jadot.
#COP21 delegation met today Xie Zhenhua head of Chinese delegation. Storify https://t.co/SCRTs0eeel #united4climate pic.twitter.com/73n1nubC4e
— ENVI Committee Press (@EP_Environment) 9 Décembre 2015