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Il nous faudra du temps
mercredi, 23 septembre 2015
/ Walter Bouvais / Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net Suivez-moi sur twitter : @dobelioubi Mon blog Media Circus : Tant que dureront les médias jetables |
Le nez dans le guidon de l’actualité, cette année nous soumet à de nouveaux vertiges. La nébuleuse Daech étend son emprise aux portes de l’Europe et fait régner la barbarie. Le Vieux Continent fait face à un flux inédit de réfugiés. Les corps échoués à nos pieds de jeunes enfants nous renvoient, nous, les nations « riches », à nos indécisions coupables. Et pendant ce temps, nous nous demandons si les robots vont nous piquer nos jobs et si les voitures rouleront sans chauffeur. Le tout en nous préparant à un potentiel échec de la conférence sur le climat, en décembre prochain. Internet, les ressources naturelles, le génie humain et la barbarie : quelqu’un veut-il bien nous proposer une synthèse digeste de tout cela ?
C’est alors que nous rencontrons le philosophe. Comme l’explique Michel Serres, l’histoire est un magma en fusion. Une métamorphose s’écrit depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale et nous n’en connaîtrons la tendance, ou l’issue, que dans une ou deux générations. Toute germination prend du temps. A nous de travailler avec détermination mais en plaçant nos décisions et actions, nos espoirs, dans ce temps long. A nous de semer de nouvelles idées, d’entreprendre sans relâche car nous ne pouvons connaître l’issue. « Le monde sera ce que nous en ferons », dit Michel Serres. Et les forces contraires du progrès et de la barbarie resteront inextricablement mêlées. Nous avons un atout en main : la connaissance. Le niveau collectif de connaissance de l’humanité est sans précédent. Deux domaines qui nous touchent de très près – le climat et les écosystèmes naturels – nous en donnent une parfaite illustration. En une trentaine d’années, les climatologues ont pu établir l’existence des dérèglements climatiques, fixer les limites à ne pas dépasser, avancer des pistes de traitement pour éviter la catastrophe. Grâce à leur science, nous détenons un mode d’emploi et savons notamment qu’il faut mettre le paquet sur les énergies renouvelables.
A nous de jouer. Sur la question des écosystèmes naturels, nous avons (re)découvert des « recettes » étonnantes de productivité écologique et entrevoyons les trésors de la nature. 3,8 milliards d’années d’évolution de notre planète ont permis de constituer un potentiel de connaissance fantastique, dont nous prenons à peine la mesure ces dernières années. —