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Sommet de Lima : le calme avant la tempête ?
jeudi, 11 décembre 2014
/ Denis Baupin / Député de Paris, vice-président (EELV) de l’Assemblée nationale. |
Etrange sensation en arrivant à la COP20, au début du « segment ministériel » : la sérénité qui émane des échanges avec les négociateurs tranche avec la tension qui régnait lors des Cop précédentes.
Les évolutions importantes de ces dernières semaines n’y sont évidemment pas pour rien : le succès du sommet de Ban Ki Moon à New York et des marches populaires pour le climat, l’accord trouvé au sein de l’Union européenne, l’accord « historique » conclu entre les USA et la Chine en rupture avec les postures des deux grandes puissances qui bloquaient les négociations depuis des années, l’abondement du Fonds vert au-delà de 10 milliards de dollars, l’acceptation par tous les pays (y compris les émergents et les moins avancés) que chacun devra prendre sa part de l’effort... tout cela crée un contexte nouveau, apte à décrisper la négociation.
Le processus de négociation lui-même apporte sa contribution à la sérénité ambiante : les accords arrachés conférence après conférence ont tracé la route. On sait d’ores et déjà que la conférence cruciale sera en 2015 à Paris - ce qui allège la pression sur la conférence de 2014 - tout en ayant donné comme rôle clair à la COP20 de planifier l’année de négociations qui vient. Les enseignements ont été tirés de l’échec de Copenhague, et le processus semble mieux rodé que jamais.
Personne ne se leurre en effet : tant les engagements de l’Union européenne, ceux de la Chine et des Etats-Unis, que les feuilles de route des États qui seront rendues publiques au printemps ne sont suffisamment ambitieux pour ramener la trajectoire des températures au-dessous du seuil fatidique des 2 degrés. La forme même de ces feuilles de route fait l’objet de longues confrontations, alors même que la méthodologie en est essentielle pour vérifier qu’on est bien dans l’épure. C’est dire si l’organisation du travail qui s’ensuivra reste sujet à préoccupation et tension : quelle méthode d’addition des efforts ? Quelles marges de négociation avec les États pour des efforts supplémentaires ? Et, plus explosif encore, quelle capacité de contrôle ?
La multiplicité des questionnements et leur ampleur pourrait effrayer. A l’inverse, cela peut être une chance ! Dans une négociation complexe, à plus de 150 États, avec des enjeux aussi cruciaux, avoir à disposition de nombreux leviers peut constituer un atout pour que personne ne sorte perdant... même s’il faut bien convenir que tout cela contribue peu à la lisibilité !
Dans la dramaturgie propre aux négociations climatiques, ce n’est probablement que dans les dernières heures de la COP 2015, dans un an, que se nouera, ou pas, ce compromis historique. Mais les jours qui viennent à Lima seront essentiels pour confirmer, ou non, la volonté des États d’aboutir en 2015, et doter la future présidence française des moyens de réussir. C’est conscients de cette responsabilité que les négociateurs de tous les pays œuvreront au cours des 3 jours à venir... et probablement des 2 ou 3 nuits.