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Les zones humides, formidables éponges à inondations
lundi, 27 octobre 2014
/ Amélie Mougey
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Ce week-end, le projet de barrage de Sivens a pris un tour tragique. Dans le Nord, les projets de reconstitution de ces fameuses zones sont au contraire récompensés. Car elles protègent les populations de la montée des eaux.
Dans un climat tendu par la mort d’un opposant au projet, le barrage de Sivens (Tarn) remet la question de la préservation des zones humides sur le devant de la scène. La construction de l’infrastructure, jugée surdimensionnée par un rapport publié ce dimanche 26 octobre (à retrouver ici en pdf), implique la destruction de 13 hectares de ces terres riches en biodiversité au profit de quarante agriculteurs céréaliers.
A l’autre bout de la France, dans le département du Nord, se joue le scénario inverse. Depuis dix ans, les communes de Hazebrouck, de Borre et de Vieux-Berquin rachètent des parcelles à une vingtaine d’agriculteurs, maïsiculteurs pour la plupart, dans l’optique de reconstituer des zones humides. Sur les berges entourant la rivière de la Bourre, un sous-affluent de l’Escaut, 50 hectares ont ainsi retrouvé leur état naturel. Ce parti pris, à contre-courant de l’artificialisation des terres, a reçu un des prix du génie écologique décernés le 21 octobre par le ministère de l’Ecologie. Libellules, brochets et batraciens ne sont pas les seuls bénéficiaires du projet. Pour les élus, le respect de « l’espace de mobilité d’un cours d’eau » constitue surtout une protection contre les inondations.
« Le choix de laisser la nature reprendre ses droits marque une rupture profonde dans notre gestion de l’eau », se félicite David Maelle, directeur adjoint de l’Etablissement public territorial du bassin de la Lys, porteur de la première étude sur le projet. « Depuis des années, on tente de maîtriser le cours des rivières, confirme François Gazelle, on faucarde, on construit des digues, on modifie le tracé des fleuves pour couper leurs méandres et les faire couler en droite ligne. » De même, des « autoroutes à crue », ces fossés ayant pour vocation d’absorber le surplus d’un cours d’eau, sillonnent les parcelles agricoles.
Digues repoussées et remises à l’eau
L’initiative du Nord n’est pas isolée. D’un bout à l’autre du pays, l’homme se résigne petit à petit à laisser les rivières suivre leur cours. La Communauté urbaine de Strasbourg, également lauréate du Prix national du génie écologique, s’est vu récompensée pour la restauration d’un réseau de zones humides. Parmi les prouesses saluées par le ministère, permettre au Soufflet, un cours d’eau autrefois dévié « de divaguer librement dans son lit ». En Camargue, des digues qui jouxtaient certaines rivières ont été repoussées de 100 à 200 mètres. Sur la rive droite de l’Adour, entre Dax et Bayonne, les remises en eau volontaires de terrains se multiplient…
« Ces initiatives restent marginales, nuance François Gazelle. Les agriculteurs, souvent en grande difficulté économique, s’accrochent au moindre are de terre. » La réticence est la même dans la plupart des collectivités. Pour celles-ci, rétablir des zones humides constitue au pire une dépense ; au mieux, un manque à gagner. Le projet de la Borre a par exemple coûté 6,2 millions d’euros. « Mais on évite ainsi des dépenses conséquentes liées aux inondations », précise Valérie Lorenski. Du côté des agriculteurs, le projet a été accepté sans heurts : « 98% des dossiers se sont réglés à l’amiable , souligne la directrice. En dehors des périodes de crue, il n’est pas exclu que certains reviennent dans cette zone. Mais plus question pour eux de cultiver du maïs en intensif. Seuls quelques bovins en pâturage partageront ces terres avec la rivière.