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Airbnb se rêve en écotouriste
jeudi, 30 octobre 2014
/ Amélie Mougey
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Dans une étude, la plateforme de logement chez l’habitant se présente comme un exemple de tourisme durable… en choisissant ses points de comparaison.
Partir en week-end, confier les clés de son logis à des touristes, arrondir ses fins de mois et… sauver la planète. Six ans après sa création, Airbnb a ajouté une vertu à sa formule gagnante. La plateforme mondiale d’hébergement chez l’habitant, qui affronte en ce moment une virulente campagne d’élus et d’hôteliers l’accusant de faire grimper les prix et de créer des villes musées, préfère se présenter comme « le nouveau modèle d’un tourisme durable ». Dans une étude publiée en juillet – uniquement en anglais –, elle en fait la démonstration à grand renfort de comparaisons. En Europe, le recours à Airbnb plutôt qu’à l’hôtellerie aurait permis d’éviter l’équivalent des émissions de 200 000 voitures, tout en économisant l’énergie de 68 000 logements et l’eau de 1 100 piscines olympiques.
Qu’importe, Airbnb décroche ainsi ses lauriers sans trop se démener. « D’un point de vue marketing, cette étude est très rusée, estime Guillaume Cromer. Elle consiste à tirer parti d’un état de fait. » Car, sur le plan de l’environnement, Airbnb est peu innovant. Interrogé sur les dernières initiatives en la matière, son service presse français avoue, embarrassé, ne rien avoir à communiquer. Sur son site, l’onglet « Hébergement responsable » renvoie à la sécurité et au respect des voisins. Point. Pourtant, des leviers existent. La plateforme d’avis Tripadvisor propose ainsi aux voyageurs un filtre de recherche pour ne mettre les pieds que chez des hébergeurs engagés.
Airbnb, lui, ne sensibilise pas : il attire des convertis. Selon l’étude de Cleantech, 89 % des hôtes ont en place des dispositifs de tri sélectif et 79 % ont investi dans des appareils économes en énergie. Mais l’impact d’un séjour ne se joue pas là. L’Organisation mondiale du tourisme estime que l’hébergement ne produit que 20 % des émissions de CO2 liées à l’activité ; le transport, 75 %. « La vraie question pour les voyageurs, c’est : “ Faut-il prendre l’avion pour trois jours ? ” », rappelle Guillaume Cromer. Or, combien de séjours Airbnb commencent par un vol low cost ? L’étude n’a pas jugé bon de se poser la question. —
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