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Chez BP, le solaire en trompe-l’œil
jeudi, 28 août 2014
/ Amélie Mougey
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Du photovoltaïque sur le toit des stations-service ? Ne vous y trompez pas, c’est le vestige d’une ambition passée.
Le pétrole se fait voler la vedette par les énergies renouvelables jusque dans ses bastions. Sur l’aire de repos de Giberville (Calvados), la façade vitrée d’une station-service BP s’est parée d’un compteur affichant « 20 MWh » (mégawattheure). Le chiffre correspond à la quantité d’énergie produite par les 288 panneaux photovoltaïques qui recouvrent l’auvent. Ceux-ci fournissent « une partie de l’électricité consommée par cette station » et, grâce à eux, « 4,7 tonnes de CO2 sont ainsi évitées chaque année », détaille une pancarte explicative. En résumé, le contenu de votre réservoir partira toujours en fumée à 130 km/h, mais le réfrigérateur de votre club sandwich n’alourdira pas le bilan carbone du trajet. Au passage, la compagnie britannique peut se targuer de faire « bien plus que du pétrole », justifiant ainsi son slogan. « Avec BP Solar, le groupe BP est l’un des leaders mondiaux de l’énergie photovoltaïque », indique une seconde pancarte. Une mise à jour s’impose. Car le groupe BP n’a plus produit un seul mégawattheure d’électricité solaire depuis maintenant trois ans ! En 2011, englué dans la marée noire du golfe du Mexique et échaudé par la crise de surproduction que traversait l’industrie photovoltaïque, le pétrolier a abandonné l’énergie renouvelable sur laquelle il misait depuis des décennies.
Avia et Total ont eux aussi franchi le pas. Mais « avec leurs réfrigérateurs et leurs portes à ouverture automatique, les stations-service ne peuvent pas être autonomes en énergie », reconnaît Bernadette Moreau. Erick Briet confirme : « Le solaire est un appoint, il équivaut à l’éclairage de l’auvent », soit au maximum 30 % des besoins. Pour le reste, les vendeurs de sans plomb carburent toujours au nucléaire. —