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Au Groenland, la neige s’assombrit et fond de plus belle
mercredi, 11 juin 2014
/ Amélie Mougey
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Les étendues enneigées du Groenland noircissent. Mais ce mystère s’éclaircit : le mécanisme est en grande partie lié au réchauffement climatique. Une étude publiée dans « Nature Geoscience » suggère un effet d’emballement.
Plus la neige est sombre et plus sa fonte est rapide. Or, plus les surfaces enneigées diminuent et plus la neige qui reste s’assombrit. Dans un article publié le 8 juin dernier dans la revue Nature Geosciences, une équipe du centre d’études sur la neige de Grenoble suspecte ce cercle vicieux d’accélérer la fonte des neiges du Groenland. Les images satellites que cette unité de recherche commune à Météo France et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) collectionne depuis 2003 ne laissent pas de place au doute : sur ce territoire rattaché au Danemark, les étendues immaculées sont de plus en plus foncées.
Car, si la calotte glaciaire fait grise mine, c’est en grande partie à cause du réchauffement climatique. Les mécanismes sont multiples. Le premier, purement physique, est identifié depuis quelques années : quand les températures augmentent, les flocons grossissent. Or, plus ils sont gros et moins ils réfléchissent la lumière. « Mais cela n’explique pas que le Groenland continue à s’assombrir quand les températures stagnent », souligne Marie Dumont. Dans l’étude publiée la semaine passée, son équipe a donc mis au jour un autre facteur : l’augmentation des impuretés, présentes dans les flocons en formation ou, en suspension dans l’air et prêtes à se déposer directement sur les surfaces enneigées.
Un second cercle vicieux complète ce mécanisme. Les bactéries, habituellement rares dans les régions froides, contribuent elles aussi à assombrir la neige. Or, l’augmentation des températures leur offre toutes les conditions favorables pour qu’elles se multiplient : l’eau liquide et les poussières libérées par la fonte des neiges fournissent à la fois un milieu propice et des nutriments pour se développer. Cette boîte de Pandore pourrait assombrir un peu plus l’avenir du Groenland.