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Aliments importés du Japon : a-t-on raison de baisser la garde ?
mercredi, 14 mai 2014
/ Amélie Mougey
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A la fin du mois de mars, l’Europe a levé les restrictions sur les denrées en provenance du pays du soleil levant. EELV crie au scandale. Doit-on être inquiets ?
Prendrez-vous du riz au césium avec vos sushis ? En visite à Paris la semaine dernière, le président japonais Shinzō Abe s’est félicité de « la compréhension de la France pour une révision des mesures de restriction de l’Union européenne (UE) concernant le nucléide radioactif dans les produits alimentaires provenant du Japon ». En clair, l’Europe a desserré la vis sur les importations de denrées cultivées au pays de la dernière catastrophe nucléaire et la France n’a pas bronché.
Dans un communiqué énervé, Europe Ecologie - Les Verts (EELV) dénonce « un accord aussi scandaleux qu’irresponsable ». Au nom du rapprochement économique, notamment sur nucléaire civil et autour du projet ITER, François Hollande aurait sacrifié « la vigilance et les précautions sanitaires ». Au point de laisser les aliments radioactifs envahir nos assiettes ?
Sachez qu’en 2013, la France a importé pour près de 23,7 millions d’euros de denrées japonaises. En haut de la liste établie par la direction générale des douanes, on trouve « les boissons alcoolisées et distillées », notamment le whisky et le saké. Sur ce point, pas d’inquiétude. « La distillation ne laisse pas passer le césium », explique Philippe Renaud, chargé de la surveillance de la radioactivité de l’environnement au sein de l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN). Après la catastrophe de Tchernobyl, les russes ne disaient-ils pas que pour consommer sans danger du blé ou des betteraves il fallait boire de la vodka ? Blague à part, Philippe Renaud nous assure « que, du point de vue de la radioactivité, le saké ne présente aucun danger ».
Ce qui n’est pas le cas des produits de la pêche, deuxièmes sur la liste des douaniers. Frais, séchés ou en conserve, en 2013, nous avons importé pour plus de 5,2 millions d’euros de poissons et crustacés japonais. Or, au large de Fukushima, la raie, la sole et autres poissons de fond sont, comme les sédiments qu’ils ingurgitent, bourrés de radioactivité. « Pour détecter ce type de produits, les contrôles ciblés par région réalisés jusqu’alors par l’UE n’étaient pas pertinents, nous étions favorables à leur assouplissement », explique Philippe Renaud avant de préciser « à la place nous préconisons des ciblés. » Une préconisation que l’UE n’a pas pris en compte pour l’instant. De là à laisser la porte ouverte aux soles irradiées ? Là encore Philippe Renaud tempère : « Les poissons concernés se trouvent le long des côtes proches de la centrale. Or, dans cette zone, la pêche a complètement décliné. » Peu de chance donc de retrouver des poissons bourrés de césium sur nos étals.
« Comme nous sommes à la troisième génération de végétaux, le taux de radioactivité a massivement diminué » précise Philippe Renaud. C’est un peu moins vrai pour certains arbres qui ont absorbé la radioactivité par les feuilles. « C’est ce qui posait problème pour le thé », rappelle le scientifique. Mais pour le consommateur européen, le danger semble écarté. « En fait, votre santé serait menacée si vous mangiez du sanglier japonais à chaque repas ou presque pendant un an », résume Philippe Renaud. Parions que vous n’êtes pas concernés.