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Après le Giec : kit de survie pour Européens en surchauffe
mardi, 1er avril 2014
/ Amélie Mougey
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Au lendemain de la publication du deuxième volet du rapport du Groupe intergouvernemental des experts du climat, « Terra eco » passe en revue les solutions que vont devoir mettre en œuvre les pays.
Et maintenant ? Après l’inquiétant diagnostic publié ce lundi par le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), l’heure est à l’action. Si, à la différence de l’île indienne de Ghoramara, l’Europe ne risque pas la submersion, les effets du changement climatique n’épargneront pas le continent. « En France, il s’agit surtout d’apprendre à faire face aux extrêmes », explique Eric Martin, chercheur au sein du Centre national de recherches météorologiques (CNRM) et l’un des auteurs du second volet du rapport consacré, entre autres, à l’adaptation. Inondations, pénuries d’eau et pics de chaleur sont les principaux risques européens soulignés dans le résumé à l’intention des décideurs. Tout en s’attaquant à l’origine du problème – les émissions de gaz à effet de serre – la France doit donc anticiper ses effets. Pour ce faire, « le Giec ne remplace pas l’action politique », met en garde le climatologue Hervé Le Treut, également auteur du rapport. Mais les experts internationaux fournissent déjà quelques pistes.
A la campagne, animaux et éleveurs vont eux aussi souffrir des températures en hausse. « Quand on dépasse les 20°C, les vaches se nourrissent moins et la production de lait diminue », souligne Jean-François Soussana, directeur scientifique Environnement à l’Inra (Institut national pour la recherche agronomique). Pour diminuer la vulnérabilité des éleveurs, le chercheur mise sur les animaux thermotolérants : lors des processus de sélection, on ne croiserait que les races les plus résistantes à la chaleur.
Contre les sécheresses et les pénuries d’eau : repenser les pratiques agricoles
Du fait des bouleversements climatiques, le Giec prévoit une baisse des rendements agricoles médians de 2% par décennie. « Le Sud de l’Europe doit s’attendre à d’importants épisodes de pénurie d’eau », prévient Jean-François Soussana. Si l’on ne reste pas les bras ballants, le Giec estime que ce ralentissement pourra être atténué de 15%. La méthode ? D’abord orienter la sélection de variétés. A l’Inra, 80 équipes de recherche travaillent sur l’adaptation aux bouleversements climatiques. « Le défi c’est de trouver des variétés qui résistent au stress hydrique sans être moins productives les années favorables, poursuit l’agronome, on peut aussi sélectionner des plantes aux cycles courts qui permettent d’esquiver les périodes de sécheresse. » Les calendriers agricoles doivent également être révisés. « En été, au lieu de cultiver du maïs, très gourmand en eau, on pourrait cultiver du Sorgho », avance Jean-François Soussana.
Autre levier d’action : l’irrigation. « La France va devoir adopter des techniques, comme le goutte à goutte, utilisées dans le Sud de l’Espagne ou en Israël », indique le chercheur. « Ces adaptations vont de pair avec une connaissance plus fine de l’état hydrique des sols via le recours aux satellites et aux drones ». Conscient que ces précautions ne suffiront pas, le Giec encourage les assurances à proposer des produits contre les aléas climatiques. « Lors de la sécheresse de 2011, seul un tiers des agriculteurs français étaient assurés, se souvient Jean-François Soussana, la pratique doit se généraliser, sans pour autant nous dispenser de prendre en amont des mesures d’adaptation. »
Inondation, sécheresse, acidification, par quel chantier commencer ? Aucun des auteurs interrogés ne souhaite hiérarchiser. Hervé Le Treut estime que « toutes ces questions doivent être posées dès maintenant pour que les processus de concertation puissent être engagés, et que les citoyens n’en soient pas écartés ». Sans nier l’urgence, Eric Martin relativise : « Face à ces défis, l’Europe est sous doute le mieux armé des continents. »
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