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Ecotaxe : la mesure fantôme porte déjà ses fruits
mardi, 4 février 2014
/ Amélie Mougey
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Camions plus remplis, itinéraires plus précis : la simple menace de l’écotaxe a suffi à faire évoluer les pratiques des transporteurs routiers. Mais chaque report de la mesure sape les bonnes volontés.
Voyant venir le coup, ils avaient travaillé leur parade. Dans la perspective d’une entrée en vigueur de l’écotaxe annoncée chaque année depuis 2011, les transporteurs routiers ne sont pas restés les bras ballants. Et pour cause : le surcoût de la mesure, estimé à 5%, risque de réduire leur marges à néant. De leur côté, les donneurs d’ordres - industriels et distributeurs - ne sont pas prêts à répercuter cette hausse sur leurs budgets. Alors, pour cesser de se renvoyer la patate chaude et rendre cette mesure indolore, la traque aux gaspillages s’est imposée.
Des camions remplis à moins de 70 %
La tactique de base consiste à augmenter le chargement. Comme le taux de remplissage des camions oscille en moyenne entre 50 et 70 % du volume, la marge de manœuvre est importante. « En 2013, pour anticiper l’entrée en vigueur d’une taxe sur les kilomètres parcourus, notre mot d’ordre était de charger un maximum », indiquent les membres du service logistique de Système U. Même son de cloche chez les concurrents. Alors pour atteindre cet objectif, chaque transporteur y va de sa stratégie : « on appelle chaque matin les clients pour savoir si leurs palettes ne peuvent partir un jour plus tard ou un jour plus tôt, dans un camion plus rempli », explique Dominique Derval. D’autres transporteurs ont aménagé un étage de chargement supplémentaire pour empiler des palettes jusqu’au plafond de leurs camions.
De leur côté, les industriels pactisent. Des produits concurrents mais voués à atterrir dans un même rayon font de plus en plus souvent la route ensemble. Pour les cosmétiques, la pratique est rodée. « Colgate et Henkel le faisaient déjà depuis 2007, mais en 2013 la stratégie s’est diffusée à l’ensemble des rayons », précise Alain Borri, le directeur associé de BP2R. Une évolution que Dominique Derval salue : « désormais on va chercher les produits de quatre clients différents sur une même plateforme de chargement. Résultat on envoie deux fois moins de camions. »
Sauf que l’élan s’essouffle. Chez Mce express, une société de transports et de messagerie, « des aménagements étaient en cours, mais comme l’écotaxe a été suspendue, ils ont eux aussi reporté », confie Philippe Goupil, le directeur des opérations. Chez Système U, les études envisageant la mise en place d’une flotte roulant au gaz naturel on été interrompues. « Dans tous les secteurs des transporteurs lèvent le pied, car si la menace d’une redevance sur les kilomètres parcourus est écartée, rationaliser les trajets n’est plus une priorité », estime Alain Borri, pour qui la démotivation est générale. Frédéric Denhez relativise : « Les efforts engagés ne remettaient pas en cause le système, finalement seule la performance était améliorée. »