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A Tallinn, les bus gratuits n’ont pas le succès attendu
vendredi, 31 janvier 2014
/ Alexandra Bogaert
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La capitale estonienne applique depuis un an la gratuité dans les transports en commun. Le nombre de passagers a faiblement crû, mais des quartiers modestes sont en voie de désenclavement.
Voilà un an que Tallinn, la capitale estonienne, a instauré la gratuité dans les transports en commun pour les résidents de la ville. En France, on a déjà vu ça, à Aubagne (Bouches-du-Rhône) et à Châteauroux (Indre) notamment. Mais c’est la première fois que les transports sont gratuits à une telle échelle (430 000 habitants). Un an après, le bilan est mitigé.
Le maire avait prédit une augmentation du trafic des voyageurs de 20%, entraînant une réduction de l’usage de l’automobile individuelle, une baisse des embouteillages et donc une baisse des émissions de polluants. Et des économies substantielles, surtout pour les porte-monnaies les moins garnis, rapporte le site américain The Atlantic cities. L’initiative est soutenue par neuf habitants de la ville sur dix.
Pourtant, ils sont beaucoup moins à en profiter. D’après la mairie, la baisse du trafic sur les routes est de 14% depuis le lancement de la gratuité. Des chercheurs suédois de l’Institut royal de technologie de Stockholm, qui étudient cette expérience à la loupe, sont plus sceptiques. Eux se focalisent surtout sur la faible hausse du nombre d’usagers des transports en commun : 3% seulement – dont moins de la moitié (1,2%) serait due à la gratuité. Le reste serait lié à l’amélioration de la qualité du service et à l’ouverture de nouvelles lignes de bus.
Ce faible pourcentage s’expliquerait par le coût relativement peu élevé des transports dans le budget des habitants de la capitale. Avant la gratuité, un abonnement mensuel coûtait 20 euros, soit 2,5 euros du revenu moyen disponible. Pour inciter efficacement les conducteurs à lâcher leur volant, mieux vaudrait augmenter le prix du carburant et des places de parking et instaurer des péages...
Toutefois, l’expérience n’est pas vaine puisque les plus fortes progressions d’utilisation des transports en commun se trouvent dans les quartiers éloignés du centre de la capitale, où le taux de chômage et le pourcentage de population immigrée sont les plus élevés. La gratuité fonctionne à plein pour désenclaver certains quartiers.
Faut-il augmenter ou baisser les prix des transports en commun ?