![]() |
https://www.terraeco.net/spip.php?article52010
|
![]() |
Pourquoi la disparition du corail va nous mettre la tête sous l’eau
jeudi, 21 novembre 2013
/ Marie Kock / Née en 1978 à Saint-Etienne, Marie est diplômée de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. Après un passage au service Terre de Libération et à Ushuaïa Magazine, elle entre au magazine littéraire Livres Hebdo. Indépendante depuis 2011, elle collabore à plusieurs titres dont Néon et les quotidiens d’actu pour enfants du groupe Play Bac. En parallèle, après une formation sur le scénario, elle écrit un projet de série télé sur une catastrophe écologique. Et finit de retaper une vieille ferme en Auvergne (au cas où ça se passerait vraiment). |
En Nouvelle-Calédonie, les récifs coralliens rapportent gros : près de 100 millions d’euros par an. Une raison de plus de les préserver, et un bon exemple des services écologiques que nous rend la nature.
Changement climatique, espèces invasives, urbanisation ou pollution, la liste des dangers qui menacent les coraux est longue. Plus de 10 % d’entre eux ont déjà disparu et le rythme s’intensifie. De quoi alarmer la communauté internationale, qui a inscrit les récifs coralliens – 0,5 % de la surface du globe, qui abrite plus de 25 % des espèces marines – dans sa politique de protection. Mais la simple préservation de la biodiversité n’est pas toujours un argument suffisant pour peser dans les décisions. Alors l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) a trouvé un autre moyen de rappeler l’importance du corail : calculer les profits économiques, environnementaux et sociaux qu’il génère.
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui les services écologiques ou écosystémiques. « Cette notion regroupe tous les bénéfices tirés du fonctionnement des écosystèmes, explique Justine Delangue, chargée de mission services écologiques à l’Union internationale pour la conservation de la nature. Elle permet de rappeler la dépendance de l’homme à la nature, pour son bien-être mais presque aussi pour sa survie. » L’Ifrecor s’est concentrée sur la Nouvelle-Calédonie, et ses 4 500 km2 de récifs coralliens. Nicolas Pascal, biologiste marin rattaché au Centre national de la recherche scientifique, a estimé tous les revenus effectifs et à venir liés au corail : entre 80 et 100 millions d’euros par an, quand l’exploitation minière, premier secteur économique de l’île, en dégage 600 millions.
Mais en plus de ce qu’il peut rapporter, il y a ce que le corail évite de dépenser. « En formant des barrières le long de la ligne de côte, les récifs coralliens et les mangroves créent inévitablement une protection contre la houle », explique Nicolas Pascal. Le corail fournit du sable pour les plages et semble atténuer l’impact des tsunamis. Son rôle de protecteur du littoral est évalué entre 115 et 220 millions d’euros et à plus de 11 200 logements préservés par an. Pas mal pour un petit animal primaire !
Tout comme le corail, chaque élément de la biodiversité nous rend des services insoupçonnés. Un argument qui fait son chemin depuis le Millenium Ecosystem Assessment (Evaluation des écosystèmes pour le millénaire) en 2005, qui définit pour la première fois les bénéfices tirés des écosystèmes. L’Europe a poursuivi dans cette voie avec une cartographie de ces services, et en France le ministère du Développement durable planche sur un projet d’évaluation des écosystèmes. Autant d’occasions d’établir une sorte de capital naturel, que nous dépensons évidemment trop vite. Le groupe d’étude Economie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB) évalue que d’ici à 2050, le manque à gagner dû à la disparition de ces services écologiques sera équivalent à 7 % du PIB mondial.