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Zones d’installation. Redoublement conseillé
jeudi, 30 mai 2013
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Des millions de mètres carrés de surfaces vides… C’est ce qui attend les périphéries de nos villes, où sont souvent installés les supermarchés, d’ici quelques années.
« Pas de parking, pas de business », « l’avenir c’est la voiture »… Les enseignes françaises ont suivi à la lettre les préceptes de Bernardo Trujillo, pape américain de la grande distribution : elles ont construit leurs magasins toujours plus loin des villes. Si bien que les abords de nos cités sont moches et que pas moins de deux tiers des ventes de produits alimentaires se font en périphérie des villes. Forcés (ou presque) de prendre la voiture pour acheter à manger, nous polluons inévitablement : « Pour un panier moyen de 15 kg et une distance parcourue de 9 km, le trajet génère des impacts environnementaux plus de 1,6 fois plus importants que l’importation des fruits et légumes depuis l’Espagne », signalait l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) en 2011.
Mais pourquoi diable construit-on plus de supers et d’hypers alors que les ventes stagnent ? Les enseignes sont, en fait, entrées dans un cercle vicieux. « La consommation ralentit, si bien que les marges se réduisent en aval pour la distribution. Elle a donc cherché à augmenter ses marges en amont, en ouvrant plus de magasins pour pouvoir distribuer plus de produits et, ainsi, avoir une force de négociation plus importante face aux producteurs, ou encore pour pouvoir délocaliser plus loin », explique Pascal Madry. Tordu, mais économiquement logique… à court terme.
L’expert craint que d’ici à 2020 un quart des surfaces commerciales soient vides, soit entre 30 et 40 millions de mètres carrés vacants ! Que faire de ces espaces perdus ? « Il est urgent que le politique reprenne en main les règles de l’architecture commerciale. Nos entrées de ville sont littéralement défigurées par des zones commerciales en forme de boîtes à chaussures empilées en pleins champs », lançait en 2009 Jean-Paul Charié, alors député (UMP) du Loiret. Or, depuis 2008, les projets commerciaux de moins de 1 000 m² ne sont plus soumis à autorisation préalable, et l’Assemblée des communautés de France a constaté une « floraison de projets de 999 m2 » ! Quant aux autres, ils ne craignent pas grand-chose. Les commissions départementales d’aménagement commercial, censées étudier les demandes de permis – à l’aune notamment du développement durable –, ont accepté 95 % des projets en 2011. Des magasins peut-être inutiles à moyen terme mais aujourd’hui « durables », donc. —
Et moi je fais quoi ?
Evitez les courses en voiture. Si vous n’avez pas le choix, associez-les à un autre déplacement pour en réduire l’impact. Cela commence par laisser davantage le chariot aux hommes. En 2008, les femmes font encore « toujours ou très souvent les courses » dans 56 % des ménages, même s’il s’agit, pour elles, de faire un détour. Attribuer la corvée à celui ou celle qui passe devant le supermarché en rentrant du boulot serait plus ingénieux.