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Quand la France faisait la pub du diesel
mardi, 5 mars 2013
/ Amélie Mougey
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Le diesel tue et plombe les finances de l’État. Aujourd’hui, le carburant préféré des français devient l’ennemi public n°1. Pourtant, il fut un temps où il était porté aux nues. Souvenez-vous, vous l’avez vu à la télé.
« Diesel : le gouvernement sonne la fin des privilèges ». Ce titre paru en mars 1996 dans Libération fait son retour, quasiment inchangé et dans le même journal en février 2013 après un rapport accusateur de la Cour des comptes.
À l’époque, on payait le litre d’essence 1,71 franc plus cher que le diesel, soit 26 centimes d’euro. Depuis, l’écart ne s’est réduit que de quelques centimes. Et malgré la reconnaissance par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) de l’effet cancérogène des émissions de gazole, la question des avantages fiscaux dont il bénéficie revient comme un serpent de mer. Inlassablement, le gouvernement annonce leur suppression, les constructeurs automobiles se fâchent et finalement rien ne change.
En 1988 déjà, Claire Chazal, à l’époque reporter, évoquait même une surtaxe de ce carburant artificiellement bon marché, pour éviter que les voitures diesel ne s’emparent totalement des routes françaises.
Économique, performant, moderne : à partir des années 80, le diesel a la cote. À grand renfort de campagnes publicitaires, les constructeurs automobiles vantent ces moteurs qui, pour parcourir la même distance avec la même puissance, consomment entre 10 et 20% de carburant en moins. En une décennie, la France est conquise.
Affiches répertoriées par le blog des anciennes publicités du monde automobile
90’s : le diesel devient une arme commerciale
Le diesel devient surtout une arme commerciale pour les constructeurs français. PSA, Citroën et Renault se distinguent de leurs concurrents étrangers par leur maîtrise des moteurs diesel. Puis à la fin des années 90, ils creusent l’écart avec l’arrivée des moteurs à injection. L’argument de la puissance, déjà brandi une décennie plus tôt, revient au premier plan. On le voit dans cette publicité diffusée par Renault en 1981, où le gazole donne à un 4x4 rutilant la puissance d’un gladiateur.
Après les camions, les grosses berlines et les utilitaires légers, ce sont les citadines qui se convertissent massivement à l’alimentation diesel. À la télévision, l’apologie du Diesel se poursuit pour balayer les dernières réticences des automobilistes. Dans ce spot publicitaire la Citroën Turbo Diesel est puissante, discrète et propre.
Pour soutenir ses constructeurs automobiles et leur technologie « made in France », l’État met en place une politique industrielle en faveur du gazole. La tout à grand renfort de cadeaux fiscaux. Déduction de TVA, baisse de la TIPP ( taxe sur les importations de produits pétrolier) : le succès du diesel doit beaucoup à la fiscalité avantageuse dont il a bénéficié.
Car si le diesel émet plus de particules fines, très nocives pour la santé, que l’essence, il peut produire moins de CO2. Un vernis écologique grâce auquel le carburant est passé entre les mailles du Grenelle de l’environnement. Loin d’être frappées par un fiscalité pénalisante, les voitures diesel tirent même profit du système de "bonus-malus".
Mais plus de quinze ans après les premières tentatives d’harmonisation des taxes sur les carburants, la Cour des Comptes accuse toujours le combustible préféré des français de plomber les finances publiques avec sa fiscalité d ’exception. Dans un rapport révélé le 1 mars par Libération, l’institution estime qu’en 2011, l’État est passé à côté de 7 milliards d’euros. Cette même année, les véhicules roulant au gazole ont représenté 73% des nouvelles immatriculations. Et le parc automobile français reste aujourd’hui encore le plus diésélisé au monde.
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