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La contre-attaque de la vente en vrac
jeudi, 20 décembre 2012
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Oubliée depuis l’arrivée du supermarché, la distribution d’articles sans emballage refait (grande) surface. Mais la peinture, la lessive ou l’huile d’olive ne rejoindront durablement les fruits et légumes que si le consommateur coopère. On commence quand ?
Emballé, pesé… et jeté. En France, plus de cinq millions de tonnes d’emballages ménagers sont vendus chaque année, selon le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid). Ces rebuts ont beau finir dans la poubelle quelques heures à peine après la fin des courses, ils représentent 15% à 20% des sommes versées par le consommateur à la caisse, et la moitié du volume de nos déchets.
N’en jetez plus, les arguments sont légion pour cesser d’emballer les produits sur les étals. Pourtant, en France, seule une petite partie des produits sont aujourd’hui vendus « en vrac ». Aucun registre n’est tenu, mais il s’agit principalement des fruits et légumes et, dans une moindre mesure, des fromages et viandes « à la coupe ». Le reste est empaqueté, ficelé, emballé.
« Nous valorisons le vrac, dans des espaces dédiés appelés « bar à vrac » », explique-t-on inversement chez Biocoop. Les prix sont inférieurs d’environ 15% à 30% par rapport aux mêmes produits emballés. Le distributeur bio ne déplore que peu de pertes et jure trouver là « une force dans la relation avec le consommateur ». Le vrac ne représente toutefois encore que 8% du chiffre d’affaires du magasin.
Ripolin teste même depuis mai 2012 des distributeurs automatiques de peinture dans six magasins. Les consommateurs indiquent la surface qu’ils souhaitent peindre et la machine verse la quantité nécessaire dans un récipient réutilisable dix fois. « Les consommateurs sont ravis car cela évite les pertes dans des pots de peinture qui sèchent au fond d’un garage », avance Laure Nectoux, responsable marketing en charge du projet. Sans préciser pour le moment si la démarche va être étendue. La marque de lessive Le Chat a réalisé un test similaire pendant cinq mois début 2012, a constaté une augmentation de ses ventes... mais a retiré ce dispositif et ne prévoit pas d’autres développements pour l’instant.
Nathalie Boudé assure que les investissements ne sont « pas forcément énormes », et que le vrac permet de faire des économies en achetant moins de contenants, en payant moins de taxes d’emballage et en réduisant les frais de transport. Mais la fondatrice du cabinet de conseil reconnaît « avoir du mal à convaincre les gros réseaux et les gros producteurs ». Et ils ne sont pas les seuls.
Le consommateur doit lui aussi changer sa manière de consommer en prévoyant de se munir de sacs et récipients avant ses courses. Il existe des contenants flexibles facilement transportables et réutilisables, qu’il faut ensuite reverser dans des pots, récipients et flacons plus pratiques à la maison. N’empêche que cela demande un brin d’organisation. Il faut aussi tirer un trait sur les produits transformés - qui représentent plus de 40% des dépenses alimentaires en France - et donc se remettre au fourneau. En attendant, des producteurs d’endives clermontois ont trouvé une partie de la solution. Ils commercialisent les feuilles d’endives, à la poignée. Ils viennent d’inventer le vrac pour consommateurs pressés.
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