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A Doha, le match nul des négociations climatiques
mercredi, 5 décembre 2012
/ Sandrine Bélier / Députée Europe Ecologie, membre de la délégation officielle du Parlement européen. |
En direct de Doha, l’euro-députée Sandrine Bélier compare les tractations sur le climat à un bien triste match de foot.
Sandrine Bélier est euro-députée Europe Ecologie - Les Verts et membre de la délégation du Parlement européen à la conférence internationale sur le climat qui se tient à Doha (Qatar).
Aucun accord ni aucun compromis sur aucun sujet n’a été trouvé pour l’instant à Doha. Les discussions bloquent, encore une fois, sur la question des financements. A l’ouverture du Sommet officiel ce mardi, je suis envahie par une question : comment expliquer que Conférence des parties (COP) après Conférence des parties, les mêmes blocages et l’incapacité dont font preuve les Etats à se mettre d’accord sur un plan d’action efficace pour lutter contre le réchauffement climatique se répètent inlassablement ? Le choix du pays hôte est-il étranger à la tournure que prennent les négociations ? Aujourd’hui c’est le Qatar, en 2013 la Pologne qui s’oppose à toute ambition européenne et le Venezuela, « pétro-Etat » bête noire des négociateurs progressistes, est candidat pour 2014.
J’entends, perçois et partage ce que les observateurs avertis commentent, comme on commenterait la énième rencontre footballistique d’un club qui ne varierait jamais de tactique de jeu, que les négociations à Doha ont atteint « ce point si familier où chacun fait monter les enchères, où les inquiétudes sont à leur comble, probablement juste avant les compromis ». Un énième match d’une équipe de D2 prometteuse, qui peine à décoller dans le classement et dont personne n’attend, sur ce match en particulier, de réalisations extraordinaires. Paradoxalement, au regard des enjeux, que plus personne ne peut faire mine d’ignorer et malgré l’ambiance aux apparences maussades dans le centre de conférence, à quelques pas du chantier qui prépare l’accueil de la Coupe du monde de foot en 2022, tout le monde ne demande qu’à être surpris, chacun espère tout de même que cette partie marquera une étape dans le classement, qu’un compromis pour le climat est encore possible pour permettre aux négociations d’aller de l’avant jusqu’à 2015, date à laquelle un nouvel accord serait adopté (et appliqué dès 2020).
Dans cette conférence, nous avons des champions d’émissions de CO2 qui considèrent n’avoir aucun intérêt (financiers) à s’engager à limiter leurs liberté à polluer. Le Canada qui refuse de signer une deuxième période d’engagement pour le Protocole de Kyoto, pourtant seul instrument international permettant de lutter contre le changement climatique, afin de pouvoir continuer à exploiter ses réserves immenses de sables bitumineux. Mais aussi le Japon, la Corée, la Nouvelle Zélande...
Enfin, il y a les pays qui ne veulent pas payer pour les autres. Cela concerne la quasi totalité des pays développés qui louvoient et hésitent à s’engager sur les enveloppes financières et à définir un calendrier de financement du fonds pour le climat. En face : les pays les plus vulnérables aux dérèglements climatiques résolus à ne rien lâcher…
A ce stade de la négociation la partie est à 0-0 et tout le monde est perdant !