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Fin de Kyoto 1 : que va-t-il se passer au 1er janvier 2013 ?
jeudi, 22 novembre 2012
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
L’accord de Kyoto, qui contraignait les pays à réduire leurs émissions, arrive à échéance au 31 décembre. Que va-t-il se passer ensuite ? Avec qui ? Sous quelle forme ? Et pour combien de temps ? Mystère…
C’était le 11 décembre 1997. Après des jours et des nuits d’âpres négociations, d’autoritaires prises de position et de douloureuses concessions, les pays du monde signent le protocole de Kyoto. Celui-ci engage les nations industrialisées à réduire leurs émissions de 5,2 % en moyenne d’ici à 2012 par rapport à 1990. La fin de l’année approche et l’échéance touche à sa fin. Sauf qu’il y a un os : aucun nouvel accord encadrant les émissions futures n’a été trouvé. Alors que va-t-il se passer aux douze coups de minuit le 1er janvier ?
Première incertitude : le calendrier. Kyoto 2 s’étendra-t-il jusqu’à 2017 ? 2020 ? Les petits pays insulaires penchent pour 2017 : ils veulent éviter que le monde soit régi, huit ans durant, par des engagements trop peu ambitieux. L’UE est plutôt favorable à la seconde option. « On a déjà un Kyoto 2, est-ce qu’on veut un Kyoto 3 ? Si on va jusqu’en 2020, ça évitera d’avoir à négocier un nouvel accord d’étape. Mais 2020, ça donne encore huit ans de rallonge aux grands émergents (qui ne sont pas contraints par Kyoto, ndlr) », résume François Gemenne, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Deuxième incertitude : la forme du texte. A priori, les pays envisagent un amendement au protocole d’origine qui devra être à son tour ratifié par les parlements nationaux. En attendant, « l’UE veut qu’il y ait une application provisoire, avant même la ratification par les parlements », précise Cécile Gauthier, chargée de mission au Réseau action climat (RAC).
Et les réductions d’émission dans tout ça ? L’engagement s’étalait pour le moment jusqu’à 2012. Et après ? Pour l’Union européenne, c’est assez simple : elle a déclaré depuis longtemps qu’elle baisserait de 20% ses émissions d’ici 2020, et même de 30% si d’autres la suivaient. Mais les autres ? « L’Australie a annoncé cette semaine de nouveaux engagements très faibles ( de 5% en 2020 par rapport à 2000, ndlr), souligne Célia Gauthier. Mais il faut absolument rehausser les objectifs avant 2020. »
Autre question irrésolue pour les Etats : Que fait-on de l’héritage de la première période et notamment des excédents de quotas ? Les pays de l’Est ont connu une forte désindustrialisation au moment de l’effondrement de l’URSS. Sans faire d’efforts environnementaux particuliers, ils ont pu accumuler de grandes quantités de quotas qui sont venus inonder le marché carbone et faire baisser les cours. Problème : il en reste encore des palanquées. Faut-il les effacer ? Ou les reconduire lors de la deuxième période ? Pays de l’Est et Union européenne s’opposent. « Nous avons fait nos calculs. S’il y a un report complet, il y aura 136 tonnes de quotas de CO2 en plus. Ça annulerait complètement les objectifs de réduction des pays », souligne Célia Gauthier. « Mais les ministres européens n’ont pas de mandat pour négocier cette question à Doha, la position pour le moment c’est qu’il faut les reporter en seconde période », poursuit-elle. Et les mécanismes de flexibilité : marché carbone, investissements propres dans les pays en développement ouverts aux pays pollueurs ? S’appliqueront-ils encore ? Et à qui ?