https://www.terraeco.net/spip.php?article46978
Une appli pour traquer l’huile de palme dans vos produits
vendredi, 16 novembre 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

L’huile de palme sera - peut-être - bientôt surtaxée. Mais comment la repérer ? Un site internet doublé d’une appli vous aidera à la bannir de votre assiette. Et à manger plus généralement en toute connaissance.

La pâte à tartiner de votre enfance pourrait bien alourdir votre porte-monnaie. Elle et des centaines de produits imprégnés d’huile de palme. Ce mercredi, le Sénat a voté le désormais fameux « amendement Nutella » qui multiplie par quatre les taxes sur cet ingrédient… avant de rejeter quelques heures plus tard l’ensemble du projet de budget de la Sécurité sociale qui contenait cette mesure. C’est aux députés que reviendra le dernier mot. Mais si vous avez décidé mordicus de bannir l’huile de palme de votre chariot, parce que, pleine d’acides gras saturés, vous la jugez nocive pour la santé ou parce que vous l’accusez de participer à la déforestation en Indonésie, vous vous êtes peut-être aperçu que la mission était plutôt ardue. Adrien Gontier, Alsacien et thésard, en a fait les frais. Bien décidé à ne pas ingurgiter d’huile de palme pendant un an, il a appris à la repérer (la mention « huile de palme » n’est pas encore obligatoire, on la retrouve sous les doux noms de « palm kernel » de « zinc palmitate », d’ « alcool de palmitate », de « palm stéarine », « glycol palmitate », etc). Il a même publié un « petit guide bleu des solutions », à télécharger ici.

Mais si vous ne voulez pas rester le nez collé aux étiquettes, une solution existe. Mesgoûts.fr vous propose de repérer les produits à éviter. Cette petite start-up née en septembre a conçu une base de données riche de 11 500 produits qu’elle a décliné en deux applications, l’une pour Iphone, l’autre pour Android. Il vous suffit d’entrer, dans votre profil, le nom de l’ingrédient – l’huile de palme pour Adrien, l’arachide pour les allergiques, l’aubergine pour quelques étranges délicats – que vous voulez éviter, de scanner le code barres du produit saisi dans les étals ou d’entrer son nom sur le site et Mesgoûts vous donne ou non le feu vert [1]. Et pas seulement. Elle vous indique, par une note sur 10, la qualité (conservateur, colorants…) et les caractéristiques nutritionnelles du produit, son prix plus ou moins bon marché, son origine géographique plus ou moins française, ses vertus environnementales, éthiques ou sociales…

Pilule bleue ou rouge, à vous de choisir…

Mais Mesgoûts est avant tout un espace de liberté. Dans ses critères, chacun est libre de mettre le curseur où il veut. De s’éloigner des recommandations du Programme national de nutrition santé paramétrées par défaut et de choisir du tout gras, tout sucré. De prendre le large vis-à-vis des alertes sur le climat et d’opter pour du Made in Australia. « On veut éviter la prise de parti, la dichotomie méchants contre gentils. Les gens ont des envies différentes. C’est une approche à la Matrix. Vous avez une pilule rouge ou une pilule bleue. Vous avez accès à la vérité, à vous de choisir si vous l’utilisez ou pas », s’amuse Olivier Huret, l’un des cofondateurs.

Comment ont-ils procédé ? « Les 11 500 produits sont passés physiquement dans nos mains. Et nous avons travaillé aussi avec nos proches et des réseaux. » Pour évaluer la performance environnementale, ils ont par exemple mesuré l’importance du packaging en pesant les produits un à un avec un, ont regardé la recyclabilité de l’emballage ou calculé les kilomètres parcourus par une bouteille d’eau ou un paquet de biscuits. Les industriels peu transparents ont décroché le bonnet d’âne : quand le pays de fabrication n’est pas mentionné, Mesgoûts.fr décrète par défaut que le produit a vu le jour en Nouvelle-Zélande. « Certaines personnes nous disent qu’il faudrait aller plus loin mais on va avancer au fur et à mesure. On n’indique pas pour l’instant les émissions de CO2, parce que la viande aura forcément un impact plus important. Un producteur de viande sera tout de suite disqualifié par rapport à un producteur de légumes et tous ses efforts seront comptabilisés de façon marginale », explique Olivier Huret. Avant d’ajouter : « Le sens de l’histoire, c’est quand même d’aller vers ça ». Pour guider le consommateur responsable dans la jungle des étiquettes.