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La guerre des sucres allégés
lundi, 27 avril 2009
/ Laure Noualhat / Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet. |
Beaucoup de goût et zéro calorie : la stévia, une plante naturelle, a tout pour séduire les gourmands. Pourtant, l’Union européenne et les géants de l’agroalimentaire font de la résistance.
Quand le battement de feuille d’une plante amérindienne provoque un tsunami dans l’agroalimentaire. En cause : la stévia qui pourrait ébranler des géants tels que Merisant, société connue en France sous la marque Canderel. Son pouvoir sucrant se montre en effet 200 fois supérieur à celui du saccharose et elle affiche zéro calorie. Une concurrente de poids pour l’industrie mondiale qui fait son beurre avec le light.
Mais l’Europe résiste. « Les lobbies du sucre et des édulcorants ont tout fait pour éviter l’introduction de la stévia : tentative de corruption de députés européens, études biaisées, mensonges... Le but était d’empêcher la stévia d’intégrer le marché des édulcorants européens », précise Jan Geuns, professeur à l’université de Louvain et président de l’Association européenne pour la stévia à Bruxelles. Longtemps, ces lobbies ont en effet jeté l’opprobre sur l’arbuste, l’accusant d’être un contraceptif puissant. « Enfin, en juin 2008, le comité d’experts de l’Organisation mondiale de la santé a défini une dose journalière admissible », précise-t-il, soulagé. Il aura fallu combattre près de dix ans pour cela.
D’autres sociétés voudraient bien incorporer les composants de la plante, les stéviosides (glycosides et rebaudiosides) dans des préparations culinaires. En 2006, Joël Perret, fondateur de la société Greensweet a déposé les premières demandes d’autorisation en France, poussant les instances de contrôle à mener des études. Pendant deux ans, les avis successifs ont conclu à une « incertitude sur l’innocuité de la plante ». Mais fin 2008, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments a tranché, n’autorisant l’utilisation que d’un seul composé sucrant, le rebaudioside A. De guerre lasse, Joël Perret s’est tourné vers la Suisse, où tous les composés de la plante ont obtenu un feu vert en septembre. Il fournit ainsi du concentré sucrant à la société helvète Storms Drinks qui commercialise des sodas bio.
Le Centre de recherche européen pour la stévia
L’Association européenne pour la stévia (en anglais)
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