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François Lemarchand, commerçant grandeur nature
lundi, 27 avril 2009
/ Cécile Cazenave
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/ Stéphane Lavoué/M.Y.O.P
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En 1990, il ouvrait sa première boutique Nature & Découvertes. Vingt ans plus tard, l’enseigne compte 70 magasins qui écoulent des dizaines de milliers de cadeaux verts. Sa boîte est citée comme un modèle de développement durable. Rencontre entre conviction et business.
Il est l’inventeur du superflu durable. Contradictoire ? Peut-être. Mais commercialement fructueux. Ce concept est le résultat de près de deux décennies de travail. Et François Lemarchand, 61 ans, fondateur et président de Nature & Découvertes, en est le cerveau. « Comment faire du progrès dans un monde que l’on veut en décroissance matérielle ? C’est très complexe », souligne-t-il, sourire en coin. Après avoir créé Pier Import, l’homme monte, en 1990, avec son épouse, Françoise, une chaîne de magasins pour « apporter la nature à la ville ». Vingt ans plus tard, ses 70 boutiques sont devenues un immense réservoir de cadeaux verts pour taties en mal d’idées mais conscientes de leur impact de consommatrices sur la planète.
Les Lemarchand fréquentent la nature depuis longtemps. Leurs années 1970 ont été militantes, écolo, tendance hippie. Puis ils sont allés voir ailleurs : Asie, Amérique du Sud, Etats-Unis beaucoup. « Notre credo familial, c’est le voyage, la rando et la mer, assure Antoine, le fils aîné, 37 ans, désormais vice-président. Quand mes parents ont monté l’entreprise, j’avais 17 ans et je servais de cobaye. » Car derrière Nature & Découvertes se cache le mot d’ordre du couple : éduquer à travers les produits. « A l’époque, on demandait aux citadins de protéger ce qu’ils ne connaissaient pas, c’était totalement artificiel », se souvient-il, encore bronzé d’une excursion à Chamonix. Ainsi à côté des cartes des étoiles et des appeaux sont désormais proposées balades en forêt et observations de la Voie lactée. Plus d’un million d’enfants y ont déjà participé.
La dernière innovation maison s’appelle la comptabilité verte. Notes de frais CO2, budget carbone pour chaque service : les émissions de gaz à effet de serre générées lors des déplacements des collaborateurs sont disséquées de même que celles de l’énergie, de l’emballage ou des déchets. Résultat : Nature & Découvertes revendique un chiffre d’affaires, pour 2008, de 180 millions d’euros et une baisse de 1 % de ses émissions de gaz à effet de serre. « Il y a quinze ans, c’était la seule boîte qui avait une vision globale de sa responsabilité environnementale et c’est encore vrai », constate Elisabeth Laville, directrice du cabinet Utopies qui a créé pour ce groupe un outil de diagnostic des fournisseurs.
Les salariés semblent apprécier. Cette année, leurs votes ont fait entrer François Lemarchand dans le baromètre international Great Place to Work, qui dresse un palmarès des sociétés où il fait bon travailler. « L’entreprise doit faire du bien. C’est ça, le ciment de notre boîte. Sinon, les gens s’emmerdent dans leur métier », assène le dirigeant en frappant la table de ses larges paluches.
« Il aime mettre les gens en réseau, écouter, discuter. Son exemple nous inspire », loue Tristan Lecomte, fondateur d’Alter Eco, entreprise de commerce équitable. Son projet de reforestation au Pérou reçoit d’ailleurs les subsides de la nouvelle Fondation Lemarchand pour l’équilibre entre les hommes et la Terre, elle-même financée par 20 % des dividendes des actions familiales de Nature & Découvertes. Et la leçon a été bien transmise. « Pour aider la nature, il faut aussi créer des richesses, explique Antoine, le fiston qui doit prendre la succession. Les fondations fonctionnent parce que la boîte tourne. »
Il se déplace à Vélib et en hybride.
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