Pour Pascal Durand, patron d’EELV, les siens doivent rester au gouvernement pour faire bouger les lignes avant, peut-être, de disparaître un jour.
Interview réalisée le lundi 17 septembre. Pascal Durand est secrétaire national d’Europe Ecologie - Les Verts.
Terra eco : Les thèses écologistes ont-elles besoin des Verts pour être portées ?
Pascal Durand : Cette question, c’est celle de la nécessité ou non d’une écologie politique forte. Moi, je pense que oui. Sinon, je ne serais pas secrétaire national d’un mouvement d’écologie politique ! Il n’y a que les écologistes qui peuvent faire basculer le modèle. Ou alors on ne parle que de choses à la marge, d’un
greenwashing qui n’est que l’habillage d’un modèle dépassé. Si on veut avoir les marqueurs d’un basculement, les écologistes doivent faire entendre leur voix.
L’écologie a-t-elle vocation à disparaître quand ses thèses auront gagné les autres partis ?
C’est une idée que je défends, même si ce n’est pas forcément celle de la majorité du mouvement. A la fin du XIXe siècle, le parti radical défendait l’idée de la démocratie et de la République, à un moment où l’opposition était encore forte. Pendant cinquante ans, il est resté très puissant. Et puis, l’histoire l’a fait décliner. Ce qui est arrivé à ce parti arrivera peut-être à l’écologie politique quand on sera passés de la transition à l’intégration de la dimension écologique. Mais, pour le moment, on en est encore très loin, il reste énormément de résistance. On a encore besoin de nous.
Pensez-vous pouvoir influencer les décisions du gouvernement en occupant les ministères du Logement et du Développement ?
On ne les a pas choisis. On pourrait penser que, parce qu’on n’a pas le ministère de l’Ecologie, on peut difficilement mettre en œuvre la transversabilité telle que nous la concevons. Mais les ministères que nous avons sont très importants. Dans le Logement, il y a l’aménagement du territoire, avec des thèmes essentiels comme l’artificialisation des sols, les projets d’infrastructures, la préservation des terres agricoles… Le développement touche une question essentielle : comment aide-t-on les pays du Sud à développer leur propre agriculture vivrière ? Cependant, si vous me demandez si on aurait aimé avoir le ministère de l’Ecologie et gérer l’énergie en France, la réponse est oui. Mais, pour cela, il aurait fallu faire un autre score aux élections.
Les conclusions de la conférence environnementale vous ont-elles satisfait ? Pensez-vous aujourd’hui qu’Europe Ecologie - Les Verts doive rester au gouvernement ?
Même avant la conférence, j’ai toujours défendu le fait que nous soyons présents au gouvernement. Vous ne m’entendrez jamais dire que c’était un mauvais choix. On ne peut pas rester dans l’affirmation de la nécessité de faire bouger les lignes et rester au dehors. Tout en se sachant minoritaires, on veut peser avec nos arguments aux côtés des ONG, des syndicats, de ceux qui ont envie de faire bouger les lignes d’un modèle qui n’est pas le nôtre : celui d’une logique productiviste, d’une vision keynésienne des solutions. Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas voir dans les discours de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault une évolution. Quand le président de la République dit, comme il l’a fait en ouverture de la conférence environnementale, que les crises ne se séparent pas mais se cumulent, qu’on ne résoudra pas la question sociale et économique sans la question environnementale, je suis content. —