Quand une entreprise offre ses marchandises non vendues à des associations, cela s’appelle du « mécénat de produits ». Découvrez les pionniers du secteur en France.
Pourquoi détruire ses invendus quand on peut les donner ? Une question bête ? En France, le cabinet ATKearney (1) a estimé à 400 millions d’euros annuels la valeur des produits neufs qui terminent à la benne. Ce gâchis a donné des idées à deux associations, Dons solidaires et l’Agence du don en nature (ADN). Créées en 2004 et 2009, elles récupèrent des produits invendus – fournitures scolaires, vêtements, jouets… – auprès d’entreprises. Parmi les donateurs, des géants comme Bic, la Fnac, Procter & Gamble ou Disney. « Depuis trois ans, nous avons donné à ADN 115 000 produits », détaille le directeur logistique du groupe électro-ménager SEB, Christophe Elyn. Le cercle vertueux s’enclenche alors avec la redistribution des objets à des
associations et épiceries solidaires qui, à leur tour, les proposent gratuitement – ou pour une somme symbolique – à un public défavorisé. L’épicerie Balisqy à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines) collabore avec Dons solidaires depuis cinq ans. « Nous leur commandons neuf palettes par an que nous redistribuons à 50 familles », précise Françoise Chable, une des bénévoles du lieu.
Réduire les invendus
Si le concept est né dans les années 1980 aux Etats-Unis, les deux associations sont pionnières du « mécénat de produits » dans l’Hexagone. Et le succès est au rendez-vous : 24 millions d’euros d’objets neufs ont été distribués à plus de 150 épiceries sociales par Dons solidaires depuis 2004. Côté ADN, 300 associations ont reçu pour 15 millions d’euros de produits depuis 2009 .
« Notre action a du sens, même si elle ne règle pas le problème à la source, estime Bethan Aumonier, chargée des relations donateurs de Dons solidaires.
Les entreprises devraient d’abord tenter de réduire le volume de leurs invendus. » Chez ADN, la déléguée générale Stéphanie Goujon estime que
« le mécénat de produits répond concrètement à la démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr).
Depuis son lancement, ADN a contribué à éviter 2 260 tonnes de déchets ». Les associations s’assurent que les produits sont bien utilisés à des fins caritatives et n’alimentent pas un marché parallèle.
10 millions d’euros de produits
En interne, les deux structures se veulent exemplaires. Pour ADN, c’est fonctionnement « zéro papier » et mutualisation des livraisons. Même chose chez sa cousine Dons solidaires, qui clame haut et fort sa logique associative.
« Nous veillons à fonctionner avec une majorité de bénévoles – 35 pour 4 permanents –, explique Isabelle Sanchez-Moreno, chargée de la communication.
Tout en nous fixant des objectifs, nous ne cherchons pas à être rentables. » L’asso prévoit de redistribuer 10 millions d’euros de produits d’ici à 2013 (contre 7,4 millions en 2011). Pour ADN, l’objectif est de convaincre les grosses PME, afin de multiplier par dix le volume de dons. Que les intéressées lèvent le doigt ! —
(1) Etude à retrouver ici
Impact du projet
450 épiceries sociales aidées
39 millions d’euros redistribués
Le site d’ADN France
Le site de Dons solidaires