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Qui est Pascal Durand, le nouveau patron d’EELV ?
lundi, 9 juillet 2012
/ Novethic / Le média expert du développement durable |
Le successeur de Cécile Duflot à la tête d’Europe Ecologie - Les Verts est peu connu du grand public. Il prend les rênes d’un parti en crise.
Seul candidat et successeur pressenti de Cécile Duflot depuis déjà quelques mois, Pascal Durand, l’ancien porte-parole d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV), en est désormais le nouveau patron. Il a été porté à la tête du parti par 96% des suffrages lors du conseil fédéral du 23 juin. Un score très confortable pour cet homme qui reste fortement attaché à son indépendance mais que l’on dit consensuel, sachant aussi bien dialoguer avec l’ancienne secrétaire nationale devenue ministre qu’avec le trublion Daniel Cohn-Bendit. Et qui a su séduire les élus de terrain.
Ancien libertaire, élevé dans une famille de résistants « très politisée » et bataillant ferme contre le nucléaire, Pascal Durand, se dit « écolo quasi de naissance ». « Je ne suis pas dans la “Deep écologie” ni le malthusianisme dictatorial : même si la question de la démographie se pose forcément, il est hors de question d’imposer une limitation des naissances », prend-il immédiatement le soin de préciser. « Mes premiers magazines, c’étaient La Gueule ouverte et Charlie », se souvient-il. Dès le lycée, il milite au sein des Amis de la Terre, mais déçu par leur positionnement sur le nucléaire militaire, il quitte l’ONG pour rejoindre le mouvement libertaire. « Très vite se pose alors la question de la violence. J’ai finalement opté pour le réformisme », explique celui qui se dit assagi par les années.
Le nouveau leader des Verts va aussi devoir gérer la piètre image laissée par l’accord PS-EELV. « Il s’agit d’un bon accord sur le fond et il a fait bouger le parti socialiste sur certains points. Il a cependant été très mal expliqué et a été vu comme une distribution de postes », juge-t-il. Malgré la création d’un groupe parlementaire obtenu grâce à l’accord électoral qui a conduit à l’élection de 18 députés écologistes et le placement de Cécile Duflot au ministère du Logement et de Pascal Canfin comme ministre délégué au Développement, plusieurs « accrocs » au contrat vont sans doute avoir du mal à passer. A l’Assemblée, les Verts n’ont pas obtenu la présidence de la Commission développement durable qu’ils souhaitaient attribuer à Denis Baupin… et se sont donc abstenus de voter pour porter Claude Bartolone au perchoir. Quelques jours plus tard, l’annonce de l’accord entre le Commissariat à l’énergie atomique et Bouygues sur la conception du prototype de réacteur nucléaire de 4ème génération « Astrid » a déclenché la colère de Noël Mamère, qui s’est dit prêt à refuser sa confiance au gouvernement. Il s’est finalement rétracter après avoir reçu des assurances de la part de la nouvelle ministre de l’Ecologie, Delphine Batho.
Pour la méthode, le nouveau patron des Verts souhaite renforcer le dialogue avec la société civile, « sortir de l’entre-soi ». « Il nous faut convaincre la société, expliquer pourquoi nos idées sont importantes, sans arrogance et avec humilité », précise-t-il. Cela passe notamment par un travail avec les ONG pour assurer le lien et la veille. « Ce sont elles qui ont l’expertise. Par exemple, nous n’avons pas les moyens humains, financiers et scientifiques de faire le scénario Négawatt. » Une fondation de l’écologie politique, dans les cartons depuis un moment, pourrait aussi voir le jour avant la fin de l’année pour servir de think tank au parti, espère-t-il. Enfin, il faudra « ouvrir les portes et les fenêtres » du parti à de nouveaux adhérents, assurer une formation des cadres et des militants, « redonner envie, donner l’image d’une écologie ouverte et montrer la valeur ajoutée d’un parti écologiste ». Le chantier est immense.
Cet article de Béatrice Héraud a initialement été publié sur le site de Novethic le 5 juillet 2012 le média expert du développement durable.
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