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Des Etats-Unis à la Suisse, Monsanto attaqué sur tous les fronts
mercredi, 6 juin 2012
/ Hélène Pennaneac’h
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Le roi des OGM est assailli. Alors que l’Union des scientifiques inquiets met en garde contre un hybride censé résister à la sécheresse, la Suisse dénonce la pression exercée sur les petits exploitants.
Il y a des périodes où même les super-puissants doivent savoir encaisser, glisser sur la houle et laisser passer l’orage. En ce moment, c’est le roi des OGM, Monsanto, qui doit répondre à de multiples attaques.
Mardi 5 juin, dans un rapport, l’Union des scientifiques inquiets (UCS), un groupe de pression scientifique et environnemental, a mis les agriculteurs en garde contre un maïs génétiquement modifié pour résister à la sécheresse. Approuvé par le régulateur américain il est encore en phase de test avant commercialisation. Dans la ligne de mire : l’hybride de Monsanto issu de la technologie DroughtGard, censée améliorer les rendements en cas de sécheresse. Il est notamment destiné aux fermiers des grandes plaines de l’Ouest américain particulièrement touchés par une sécheresse qui affame les troupeaux de bétail.
Bien évidemment, un porte-parole de Monsanto s’est empressé de contester les conclusions du rapport en affirmant que « ces hybrides ont besoin de moins d’eau en cas de sécheresse sévère et produisent plus de grains par épi. »
Chiffres à l’appui, l’étude pointe en particulier le problème du brevetage du vivant, qui rend les agriculteurs dépendants des grandes multinationales. On apprend ainsi que sur les 231 variétés de tomates protégées dans l’Union européenne, 84 (36%) sont la propriété de Monsanto et 61 (26%) appartiennent à Syngenta. Concernant les 93 variétés de chou‐fleur protégées, le groupe américain en détient 46 (49%) et le géant bâlois 21 (22%), soit presque les trois‐quarts des variétés agréées. Seules les carottes échappent en partie à cette mainmise des groupes agrochimiques (7 variétés sur 45, toutes appartenant à Monsanto).
Plusieurs campagnes contre le brevetage de plantes et d’animaux sont d’ailleurs menées à l’échelle européenne, parmi lesquelles la coalition d’ONG « Pas de brevets sur les semences », qui a contribué à pousser le Parlement européen à adopter une résolution visant à mettre un terme au brevetage des méthodes de sélection classiques de plantes et d’animaux.
En quinze ans, depuis son introduction en contrebande, le soja génétiquement modifié a investi 85% de la totalité des cultures de soja au Brésil, soit 7% du territoire, a expliqué à l’AFP Alexandre Cattelan, chercheur à l’Institut public de recherches en agriculture.
Et c’est un véritable bras de fer que 5 millions d’agriculteurs brésiliens ont entamé contre Monsanto. Fatigués de devoir verser au groupe américain 2% de la vente de leur soja certifié au titre de la propriété intellectuelle sur les semences, les producteurs locaux ont traîné la multinationale devant les tribunaux. En avril dernier, la justice brésilienne a ordonné à Monsanto de rendre les royalties perçues depuis 2004, soit au minimum deux milliards de dollars. Le semencier a fait appel de la décision, mais les montants en jeu ont de quoi inquiéter les rois de l’OGM.
Toutefois, au milieu de toutes ces attaques, Monsanto a de quoi se réjouir dans les jours à venir : la Commission européenne pourrait lever l’interdiction sur la culture du maïs MON en France, suite à un avis de l’Autorité européenne pour la sécurité alimentaire (Efsa) estimant injustifié le moratoire français. L’embellie pourrait avoir lieu pas plus tard que la semaine prochaine lors de la réunion des ministres de l’Environnement le 11 juin.
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