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Grève de la faim levée pour Michel, opposant à l’aéroport de Nantes
mercredi, 9 mai 2012
/ Hélène Pennaneac’h
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Les opposants à Notre-Dame-des-Landes ont arrêté leur mouvement après avoir obtenu gain de cause. Michel Tarin, le seul à avoir tenu depuis le début, pourra conserver au moins deux ans son bien le plus précieux : sa terre.
Il était temps que ça s’arrête. La grève de la faim s’est terminée mardi 8 mai pour les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « J’arrivais à mes limites, un grand état de faiblesse depuis trois jours », raconte avec soulagement Michel Tarin, agriculteur en grève depuis vingt-huit jours à Nantes. Avec ses compagnons, ils ont rangé leur tente et déplacé leurs caravanes. Les militants écologistes avaient entamé une grève de la faim pour protester contre la construction du futur aéroport Nantes Atlantique et exiger la suspension des ordonnances d’expropriation.
La semaine passée ils avaient rencontré Stéphane Le Foll, député européen et responsable de la campagne de François Hollande, au siège du Parti socialiste à Paris. Hier, c’est le directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault qui est venu à leur rencontre. Ils ont obtenu des engagements de la part de l’équipe du nouveau président de la République : le gel des expulsions tant que tous les recours en justice n’ont pas été épuisés, soit deux ans de répit.
« Je suis passeur de terre », explique ce père de trois enfants. Michel Tarin refuse d’être « désapproprié » pour un projet qu’il estime inutile : « Actuellement, la France perd en terres agricoles l’équivalent d’un département tous les sept ans, déplore-t-il, et on continue à étaler les constructions. Il n’y a pas besoin d’un nouvel aéroport à Nantes, puisque celui qui existe actuellement est loin d’être saturé. C’est un projet du passé. » L’aéroport devrait s’étendre sur 2000 hectares, dont une grande majorité de bocages agricoles.
Avec de nombreuses associations, dont l’Acipa (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes), il s’oppose à l’Etat, qui préempte les sols cultivables en vue de la construction du futur aéroport. Dans la foulée il contribue à la création de SOS paysans en difficulté. Toujours engagé, mais jamais affilié à un parti politique, il est aujourd’hui membre de la Confédération paysanne.
Le gréviste s’était préparé aux privations un mois avant de commencer sa grève à proprement parler, notamment en n’avalant que du bouillon de légumes pendant les huit derniers jours. Malgré la fatigue, il s’est réjoui de pouvoir discuter et « passer le relais » à la jeune génération, en particulier aux Indignés venus de toute la France et parfois d’Espagne, et au mouvement des Paysans sans terre. Hasard du calendrier, des détenus palestiniens ont entamé une grève de la faim en même temps que lui. Le paysan à la retraite compatit : « Ce sont d’autres sans-terres avec qui je me sens une communauté d’esprit. »
A Nantes les militants écologistes se disent satisfaits de l’évolution du dossier. « La décision prise hier nous donne deux ans de visibilité pour pouvoir rouvrir le dossier, et lancer de nouvelles procédures, notamment par rapport à la loi sur l’eau, explique Michel Tarin. Nous attendons les résultats de l’enquête qui devrait être effectuée au moi de juin. »
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