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NKM : « Il n’y aura pas de référendum sur le nucléaire »
lundi, 19 mars 2012
/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco , / Thibaut Schepman /Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Non, Nicolas Sarkozy n’a pas renié le volontarisme vert des débuts de son quinquennat. C’est en tout cas le message de sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Quand Nicolas Sarkozy évoque son bilan, il cite l’autonomie des universités, la réduction des dépenses et la réforme des retraites. Jamais le Grenelle…
Je ne suis pas d’accord, il cite aussi le Grenelle de l’environnement. C’est un mouvement qu’il a initié et soutenu.
Aujourd’hui, on le voit courir à la rescousse d’entreprises au bord du dépôt de bilan. Est-ce la bonne méthode pour maintenir l’emploi ?
Cela ne date pas d’aujourd’hui. Je crois que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui le seul candidat légitime à se rendre dans les usines. Lui l’a toujours fait. Et puis, il faut distinguer deux choses : l’urgence et le travail de long terme pour la compétitivité. Il y a urgence car des entreprises vont mal. Il faut donc trouver des solutions pour elles. Mais nous menons aussi un travail de fond. Je pense à la suppression de la taxe professionnelle, qui pesait sur l’emploi industriel. Il y a aussi des actions en cours, comme la TVA anti-délocalisation (mieux connue sous le nom de « TVA sociale ». Elle consiste en une baisse des cotisations patronales financée par une augmentation de la TVA et de la CSG, la contribution sociale généralisée, sur le patrimoine, ndlr). Le programme de François Hollande, quant à lui, propose un chemin inverse. Ses choix coûteraient à la France en termes de productivité.
Et en Allemagne ? (2)
L’Allemagne a engagé ses réformes plusieurs années avant nous : retraites, temps de travail… Pendant trop longtemps, la France a tourné le dos au modèle allemand.
Quelles mesures mettre en place pour réduire le chômage ?
Améliorer la compétitivité des entreprises, faire payer une partie de notre protection sociale par les importations, et surtout améliorer la formation. Aujourd’hui, 500 000 offres d’emploi ne sont pas pourvues en France chaque année et seuls 10 % des chômeurs sont en formation : ce n’est pas acceptable. Pis, les trois quarts des demandes de formation des chômeurs ne sont pas satisfaites. Et ceux qui en obtiennent une l’obtiennent avec six mois de retard. Sur les 32 milliards d’euros accordés chaque année à la formation, seuls 4 milliards vont aux chômeurs. Le reste sert à la formation continue des personnes en activité. Nicolas Sarkozy veut que les chômeurs bénéficient plus de l’argent de la formation. Et il ira jusqu’au référendum s’il y a blocage.
Nicolas Sarkozy propose de faire travailler les bénéficiaires du revenu de solidarité active sept heures par semaine, alors que beaucoup assurent que cette mesure sera très coûteuse et difficile à mettre en place…
Le RSA a permis à 150 000 personnes de sortir de la très grande pauvreté. Il visait aussi à accompagner vers l’emploi. Ce second volet a beaucoup moins bien fonctionné : moins de 40 % des titulaires du RSA ont un emploi. Nous proposons donc de demander aux bénéficiaires de travailler sept heures par semaine, rémunérées au Smic. C’est une question de justice. Chacun a des droits, mais aussi des devoirs. C’est aussi une question d’efficacité : quand on décroche trop longuement du travail, c’est dur d’y revenir.
Faut-il comprendre que ceux qui refuseront de travailler n’auront plus droit à ce minimum vital ?
Il y aura une évaluation tous les dix-huit mois et on demandera à ceux qui sont au RSA – et qui peuvent travailler – de travailler sept heures par semaine.
En 2006, Nicolas Sarkozy disait : « Plus personne ne dormira sur les trottoirs ». Or, jamais autant de personnes n’ont dormi dans la rue. Comment inverser la tendance ?
Toute personne à la recherche d’un hébergement d’urgence de nuit, cet hiver, a pu être hébergée.
Selon Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique social et environnemental, les Français « implosent ». Que faire pour cette France-là ?
Il y a deux choses. Il y a d’abord une fragilité liée à la situation de l’économie. Ensuite, il y a, pour tous, y compris ceux qui ne sont pas dans une situation dégradée, un doute et une inquiétude. Je le comprends : si vous regardez les images de la Grèce, vous angoissez, même si vous n’êtes pas frappés. Et l’ensemble du programme de Nicolas Sarkozy vise à répondre à ça. Il faut une France forte pour être protégés.
En 2007, « tout était possible » pour l’environnement. Mais le président a peu à peu délaissé le thème, jusqu’au : « L’écologie, ça commence à bien faire. » Le temps de l’écologie est-il révolu ?
En matière d’écologie, il faut juger sur les actes. Il y a trop de discours. Le Grenelle est un mouvement de grande transformation, un mouvement comme jamais. Certains objectifs ne sont pas encore atteints. Notamment la taxe carbone, pour laquelle la gauche porte une grande part de responsabilité. Nicolas Sarkozy avait tordu le bras à une partie de sa majorité sur ce sujet, mais la gauche a déféré le projet au Conseil constitutionnel, qui l’a retoqué.
Il y aurait pu y avoir une deuxième mouture…
Avec la crise, la taxe carbone est apparue moins d’actualité, c’est vrai. En période de croissance, c’est un sujet un peu compliqué, mais que l’on peut expliquer. Avec la crise, c’est plus complexe.
Faut-il attendre le retour de la croissance pour oser des mesures sur l’environnement ?
En période de crise, il y a un amalgame entre une partie de la population – disons écolo-sceptique – et un mouvement dans l’opinion qui estime qu’il est moins le moment de l’écologie. Je conteste cela, car je pense que l’environnement est une clé, pas un problème. Le Grenelle a par exemple été construit pour dynamiser des filières françaises, comme le bâtiment, ou les énergies renouvelables.
Le soutien au photovoltaïque a pourtant été suspendu, avec un moratoire et une baisse des tarifs de rachat de l’électricité…
Comme partout en Europe ! Cette filière était devenue une industrie de pose de panneaux fabriqués à l’étranger et subventionnés sur les factures d’électricité. Nous essayons d’avoir des appels d’offres sur des niches technologiques, pour cibler les soutiens à des entreprises françaises. C’est le sens du rachat de Photowatt par EDF.
Des recherches actives sont menées en France sur les gaz de schiste, le pétrole en offshore profond, etc. Faut-il les poursuivre ?
Sur les gaz de schiste, le gouvernement a décidé d’interdire l’exploration et l’exploitation par fracturation hydraulique. Des autorisations avaient été accordées, mais c’était une erreur de mon point de vue. Il y a un débat sur l’offshore profond au large de Marseille. Le problème est que nous sommes sous la législation d’un très vieux texte, le Code minier, qui permet des renouvellements automatiques de permis. Nous avons donc lancé une réforme du Code. Au large de la Guyane, le président s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucune exploitation avant cette réforme.
L’avocat Arnaud Gossement estime que son rapport sur le sujet « moisit » au Parlement…
Ce n’est pas vrai, et Arnaud Gossement le sait très bien. La réforme du Code a été lancée mais le calendrier parlementaire ne permet pas de la voter si vite.
Fin janvier, la Cour des comptes rappelait que d’ici à 2022 la moitié de nos centrales nucléaires, prévues pour durer trente ans, en auront 40. Sans évolution du mix énergétique ou de sévères économies d’énergie, Il faudra prolonger leur vie de dix ans, ce qui serait inédit. Que prévoyez-vous ?
Les choix en matière de sûreté nucléaire doivent s’éloigner de l’idéologie. Nous avons une autorité de sûreté indépendante ; je me fonde sur ce qu’elle dit. Si l’Autorité de sûreté demande la fermeture, nous fermerons. Pour ce qui est de l’âge, votre propos est inexact. Les centrales américaines, par exemple, sont plus anciennes.
Nicolas Sarkozy veut demander l’avis des citoyens dès qu’il y a un blocage. Y aura-t-il un référendum sur le nucléaire ?
Non, il n’y a aucun blocage sur ce sujet.
Sur l’énergie ?
On ne va pas faire des référendums sur tout. J’ai participé, en tant que parlementaire, en 2006, à un grand débat national sur l’énergie. Ça ne mobilisait pas. Les réunions étaient remplies de spécialistes. Ça ne passionnait pas !
Parce que l’immigration et l’indemnisation des chômeurs, ça passionne ?
Ce n’est pas votre point de vue. Mais revenons au nucléaire. Quelle question poser ? François Hollande propose un débat parlementaire sur l’énergie. Très bien. Au passage, je cherche toujours le texte de l’accord validé entre les Verts et le PS.
Claude Allègre va conseiller Nicolas Sarkozy à vos côtés durant cette campagne. Cela vous pose-t-il problème ?
Mes opinions et celles du président sur le changement climatique et sur le principe de précaution sont connues et ne sont pas celles de Claude Allègre. Sur la personne, je n’ai pas de problème.
Michel Rocard dit : « La campagne de la droite est fausse car elle laisse penser qu’à la fin de la crise ce sera le retour de la croissance. Or la croissance rapide, c’est fini, pour des raisons de disponibilité d’énergie. Il n’y en a plus. » Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Une nouvelle croissance doit se mettre en place, qui n’épuise plus les ressources naturelles, énergies fossiles et matières premières. Cette nouvelle croissance est une réponse globale à la crise qui rompt avec le court-termisme. Elle assure la transition d’une économie fondée sur le gaspillage à une autre, fondée sur les économies. Avec le Grenelle, nous avons créé l’élan fondateur pour la France, en favorisant l’innovation et en incitant les investissements sur les technologies propres, les énergies renouvelables, les transports durables. Et même des bâtiments à énergie positive pour se positionner sur des secteurs verts qui assureront la compétitivité sur le long terme, la croissance et l’emploi. Mais il nous faut encore aller plus loin et plus vite, faire de la France une « Green Valley » reconnue mondialement, avoir dix ans d’avance ! —
(1) Il n’a prononcé les mots « Grenelle », « environnement » ou « écologie » ni dans sa déclaration de candidature, ni dans les discours d’Annecy, le 16 février, de Marseille, le 19 février, de Montpellier, le 23 février, et de Bordeaux, le 3 mars. Le 23 février, à Lille, et le 10 mars, à Villepinte, il a fait une courte mention du « droit de l’environnement ».
(2) Le taux de chômage en Allemagne s’élevait à 7,8 % en décembre 2011. Un chiffre à relativiser, 6,6 millions de travailleurs bénéficiant de « mini-jobs » à temps partiel.
En dates
1973 Naissance à Paris
1992 Diplômée de Polytechnique
2002 Députée UMP de l’Essonne
2002 Entre au cabinet du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, comme conseillère technique pour l’écologie
2007 Secrétaire d’Etat à l’Ecologie
2008 Maire de Longjumeau
2009 Secrétaire d’Etat à l’Economie numérique
2010 Ministre de l’Ecologie
2012 Porte-parole du candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy