https://www.terraeco.net/spip.php?article42507
|
Les avionneurs dispensés de payer une taxe carbone
lundi, 12 mars 2012
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Etats, avionneurs et compagnies aériennes s’étaient rebiffé contre les quotas de CO2 qui devait leur être imposé depuis le 1er janvier. Et ils ont gagné.
La guerre des quotas CO2 sur l’aviation a bien eu lieu, et les avionneurs peuvent s’estimer vainqueurs. La commissaire européenne au Climat a décidé lundi 12 novembre de geler pour un an l’inclusion du secteur aérien dans le marché carbone européen, indique Lemonde.fr. En échange, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) – l’organe des Nations unies réglementant le transport aéronautique – s’était engagé à envisager un dispositif de réduction des émissions de CO2. Si ce projet n’aboutit pas d’ici un an, la Commissaire européenne assure que les avionneurs devront alors s’acquitter de la taxe prévue. |
Airbus et six compagnies aériennes européennes (British Airways, Air France, Virgin Atlantic, Lufthansa, Air Berlin et Iberia) ont décidé de faire front contre l’Union européenne (UE). Selon le Financial Times, ils ont envoyé des courriers aux chefs de gouvernement français, allemand, britannique et espagnol pour alerter sur « les conséquences économiques » de cette taxe : une menace « inadmissible » pour leur secteur.
La preuve ? Pékin aurait gelé l’achat de 45 Airbus par des compagnies chinoises, a révélé jeudi 8 mars, Louis Gallois, président exécutif d’EADS. Mais loin de se laisser impressionner, l’UE a réaffirmé sa position. « Si des pays décident des mesures discriminatoires contre des sociétés européennes, la Commission prendra immédiatement les mesures appropriées, en étroite collaboration avec les autorités des Etats membres concernés », a déclaré Connie Hedegaard, la commissaire européenne chargée du climat. Mais devant la levée de bou- cliers, celle-ci a fini par mettre de l’eau dans son vin : en cas de compromis « suffisant et ambitieux » au sein de l’OACI, l’Organisation de l’aviation civile internationale – une réunion de l’organisation est prévue en juin –, « l’Europe serait prête à modifier sa législation », a-t-elle précisé au Monde, le 30 mars. Mais, au fait, la taxe sur l’aviation, késako ?
Que nenni, a répondu la Cour européenne, qui a débouté la plainte en décembre. L’UE a parfaitement le droit d’exiger que « l’exploitant d’un aéronef restitue des quotas d’émission calculés au regard de l’ensemble du vol » y compris hors de l’espace aérien européen : « Le législateur de l’Union peut en principe faire le choix de n’autoriser l’exercice sur son territoire d’une activité commerciale, en l’occurrence le transport aérien, qu’à la condition que les opérateurs respectent les critères définis par l’Union. » D’autre part, la Cour estime que l’accord dit « ciel ouvert » conclu entre les Etats-Unis et l’UE et qui prévoit d’exonérer le carburant de toute taxe a été respecté : « Il n’existe pas (…) de lien direct et indissociable entre la quantité de carburant détenue ou consommée par un avion et la charge pécuniaire incombant à l’exploitant d’un tel avion dans le cadre du fonctionnement du système d’échange de quotas. »
Résultat ? Les opposants n’ont fait que brandir davantage leurs muscles. La Chambre des représentants aux Etats-Unis – à majorité républicaine - a adopté une loi interdisant aux compagnies aériennes américaines de s’acquitter de cette taxe. En février, la Chine lui a emboîté le pas. A tel point que l’Europe commence à se laisser impressionner. Si le consensus régnait jusqu’ici dans les rangs de l’UE, le ministre allemand de l’Economie a exprimé le 2 mars quelques inquiétudes et a invité Bruxelles à « désamorcer le conflit ».