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Chimiste à pleins tubes
jeudi, 29 janvier 2009
/ David Garcia
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Le groupe belge Solvay a bien grossi en 140 ans d’existence, mais n’a pas oublié la patte humaniste et sociale de ses origines. Il brandit sa « vertitude » dans un secteur souvent pointé du doigt.
Bruxelles, fin 2008. Nicole Notat s’étouffe de surprise. Dans une ambiance studieuse mais détendue, une quarantaine de cadres dirigeants du groupe chimique Solvay coudoie les élus du comité d’entreprise européen, en nombre identique. Drôle de scène. « Je n’étais jamais intervenue devant des dirigeants et des représentants de salariés rassemblés en un même lieu. Cela reflète un état d’esprit innovant dont je ne connais pas d’autre exemple », salue dans un sourire la pédégé de l’agence de notation Vigeo.
La multinationale belge a vu le jour il y a cent quarante ans. Aujourd’hui, elle domine le marché de la chimie et des plastiques. Dès les premiers pas, le fondateur, Ernest Solvay – ingénieur de formation – se pique d’humanisme dans la conduite de son entreprise. En 1878, déjà, la société instaure des « allocations ouvrières de blessures ». Suivies onze ans plus tard d’une caisse de retraite pour les travailleurs. Solvay généralise la journée de travail de 8 heures dès 1907 et offre une semaine de congés payés à ses salariés en 1913. Avec plus de deux décennies d’avance sur le Front populaire.
« La direction des achats vérifiera qu’aucun enfant n’est exploité dans les filiales ou chez ses sous-traitants, à l’échelle de la planète. Et en matière environnementale, Solvay s’engage à appliquer les normes européennes », objecte le secrétaire du comité d’entreprise européen, Noël Tritz, sourd aux accusations de connivence avancées par la CGT, deuxième syndicat le plus implanté, derrière la CFDT. L’usine de production de PVC bientôt inaugurée en Russie devra ainsi respecter les normes européennes encadrant l’utilisation du chlore, matière première du polychlorure de vinyle, assure de son côté le DRH, Jean- Claude Gaudriot.
Le cédétiste ne boude pas son plaisir. Coélaborée par la direction et le secrétariat du comité, la charte Solvay anticipe ainsi les applications du Grenelle de l’environnement. Dans l’article 46 du projet de loi instituant ce dernier, le gouvernement français se réserve en effet « la possibilité d’inclure dans les plans de formation des entreprises soumises à cette obligation des modules consacrés au développement durable et à la prévention des risques ».
Autant de questions abordées « sans tabou » lors d’échanges à bâtons rompus entre les animateurs des sessions et les salariés. Y compris Reach, la controversée directive européenne visant à contrôler en amont la nocivité des produits chimiques commercialisés en Europe (lire ci-dessus). « Solvay a fait partie du lobbying anti-Reach », admet Gérard Uhring. Comment dit-on « nul n’est parfait » en wallon ?
Chiffre d’affaires : 9,6 milliards d’euros (2007).
Bénéfice : 1,2 milliard d’euros (2007).
Salariés : 29 000 personnes, dont 71 % en Europe.
Activités : 41 % dans la chimie (minérale, électrochimie, organique), 32 % dans les plastiques (vinyliques, spécialités) et 27 % dans la pharmacie (cardiométabolique, neuroscience, vaccins).
Dirigeants :Aloïs Michielsen, président du conseil d’administration, et Christian Jourquin, président du comité exécutif. Pri ncipal actio nnaire : Solvac à 30 % (famille Solvay et apparentés).
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