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Pourquoi les ONG écolos ont abandonné la campagne
lundi, 27 février 2012
/ Novethic / Le média expert du développement durable |
Désabusées, les ONG environnementales ont renoncé à faire campagne. C’est en toute discrétion qu’elles discutent avec les différentes équipes.
En 2007, Ségolène Royal, candidate socialiste, promettait de « faire de la France le pays de l’excellence environnementale » tandis que son adversaire de l’UMP, le futur président Nicolas Sarkozy, se prononçait pour un Grenelle de l’environnement, une taxation de la pollution ou la promotion d’un droit international de l’environnement, tout en rendant hommage aux ONG, intronisées « moteur de notre prise de conscience ».
Tous les prétendants se devaient alors de montrer patte verte : quelques mois avant l’élection, 10 petits et grands candidats signaient main sur le cœur le Pacte écologique de Nicolas Hulot, fort de ses 700 000 signatures populaires. A l’époque, un meeting de l’éphémère candidat-animateur rassemblait 5 000 personnes et une manifestation d’Alliance pour la planète, une coalition des plus grandes ONG écologistes créée à l’occasion de cette campagne, comptait plusieurs milliers de personnes.
« L’absence des ONG dans la campagne est assez frappante. Nous ne sommes plus du tout dans la même dynamique qu’en 2006-2007. C’est comme si elles avaient baissé les bras », constate Daniel Boy. Le politologue du Cevipof, spécialisé dans les mouvements environnementaux, n’est certainement pas très loin du compte, du moins en ce qui concerne certaines associations. Chez les Amis de la Terre notamment, l’ambiance est plutôt morose. L’association qui avait activement participé aux actions d’Alliance pour la planète en 2007, avoue avoir « un moral plutôt en berne » et – mis à part sa participation aux « 7 mesures clés pour engager la France dans la transition énergétique » du Réseau action climat - déclare avoir renoncé à s’impliquer dans cette campagne.
« Cela demande une énergie folle pour des résultats largement insuffisants », justifie Caroline Prak à la communication. Parmi ceux-ci, les espoirs déçus du Grenelle, « dont le bilan est chaque jour un peu plus négatif », estime Martine Laplante, la présidente du mouvement. Qui n’a d’ailleurs pas souhaité se joindre à la réunion organisée sur le sujet début février entre le Président-candidat et les ONG. D’autres, comme le WWF, semblent être aux abonnés absents. Quant à l’Alliance pour la planète, elle a disparu de la circulation…
A la FNH justement - anciennement Fondation Nicolas Hulot- on ne regrette pas d’avoir été « optimiste » en portant l’idée du Pacte écologique en 2007. Mais l’opération de communication de la dernière élection présidentielle ne sera pas réitérée cette année. « D’abord, parce que c’est inhérent aux stratégies de communication : ce qui marche une fois ne marche pas deux fois », souligne Benoît Faraco.
Et l’échec de Nicolas Hulot à la Primaire EELV n’y est pas non plus étranger, reconnaît-il : « Bien sûr, cela nous a interrogé et a influencé notre stratégie pour 2012, car à l’époque il a été un élément important du rapport de force. » Un constat partagé par l’ensemble des ONG, même si les suites du Pacte ont forcément déçu : « En 2007, si les ONG étaient plus présentes, c’est aussi qu’il y avait une locomotive appelée Nicolas Hulot. Derrière, nous avons tous pu jouer notre partition et pendant le Grenelle qui a suivi, c’est ainsi que nous avons pu imposer la question de la trame verte et bleue », avoue Christophe Aubel, le directeur de la Ligue ROC, qui lutte pour la préservation de la faune sauvage.
Et dans les autres partis ? Lors du congrès FNE notamment, les candidats étaient invités, non pas à signer un texte en bloc comme ils le faisaient pour le Pacte, mais à « piocher des propositions » à l’intérieur de l’Appel des 3 000, sorte de manifeste de l’association. « Cela nous semblait plus raisonnable, explique Benoît Hartmann, le porte-parole de la FNE. Chacun peut s’approprier les idées mises sur la table et y ajouter sa propre touche. On est dans un dialogue constructif ».
Contrairement à 2007 cependant, les ONG semblent s’être bien gardées de noter les candidats, à l’image de ce qu’avait pu faire Alliance pour la planète. Seul Greenpeace, qui a focalisé cette année sa stratégie autour des questions énergétiques et particulièrement du nucléaire, a mis en ligne « un stress test » des candidats dès août 2011 mais essentiellement sur ces problématiques. Or c’est aussi ce que regrettent plusieurs ONG environnementales : « La présidentielle est totalement hors écologie. La seule chose qui s’y rapporte dans cette campagne, c’est le nucléaire. Mais les autres sujets, on n’en parle pas », déplore notamment Martine Laplante. Beaucoup de dirigeants d’associations se disent « atterrés » par le niveau environnemental de la campagne. « On croyait que nos actions avaient changé la donne mais on a l’impression que, dans cette campagne, les politiques sont revenus dix ans en arrière », conclut Benoît Faraco.
Cet article de Béatrice Héraud a initialement été publié le 23 février 2012 sur Novethic, le site expert du développement durable.
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