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Des bonus pas si extra que ça
jeudi, 29 janvier 2009
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». , / Sylvie Serprix |
Qui n’a jamais rêvé d’un service personnalisé, de cadeaux par milliers ou encore de privilèges singuliers ? Pour répondre à ce désir naturel, les entreprises multiplient les options… payantes. Bienvenue dans la « perkonomics ».
Imaginez. Vous êtes canadien et heureux propriétaire d’une automobile Lexus hybride. En arrivant devant votre magasin Ikea un samedi de soldes, vous tournez en rond sur le parking, slalomant entre les voitures, et dénichez une place réservée exclusivement aux voitures hybrides, à quelques mètres de l’entrée du magasin. Félicitations ! Vous venez de bénéficier de la « perkonomics ». Issue de l’union des termes anglais « perks » (avantages) et « economics » (économie), la perkonomics est une tendance dénichée par la petite compagnie néerlandaise Trendwatching, qui se plaît à examiner courants et modes de consommation. Selon elle, il s’agit d’une « nouvelle génération d’avantages et de privilèges qui viennent s’ajouter aux offres traditionnelles des marques et qui satisfont le désir grandissant de promotion sociale ou/ et de confort des consommateurs ».
Numéro 1 : la valorisation. Qui n’aime pas se sentir unique, choyé ? Des banques britanniques ont reniflé le filon et offrent aujourd’hui le plaisir d’un service bancaire personnel personnel. Contre 27 euros par mois, vous voilà flanqué d’interlocuteurs attitrés à la Barclays, qui connaissent votre dossier du bout des doigts, répondent au téléphone à toute heure et se déplacent chez vous en cas de besoin.
Numéro 2 : améliorer son quotidien et préserver le confort ultime, c’est-à-dire le temps. Contre une inscription gratuite à la carte Avis Preferred, le loueur de voitures s’engage à vous épargner queue et paperasse et à vous livrer votre véhicule en 3 minutes. Et la formule appâte : 180 000 clients depuis son lancement en juillet 2006.
Au-delà de l’amélioration de son image pour attirer de nouveaux consommateurs, la perkonomics est aussi le moyen de gagner un peu d’argent supplémentaire. Si Ryanair peut casser les prix, c’est aussi parce qu’elle se rattrape sur les extras (lire cicontre). Chez l’opérateur aérien, le premier bagage enregistré en soute se paye 10 euros – le deuxième et troisième 20 euros chacun –, tandis qu’à bord de l’avion, un rehausseur pour bambin se facture 10 euros. Mais Trendwatching met en garde contre ce genre de facturation abusive qui fait fuir les clients plutôt qu’elle ne les attire. Bannies, donc, les transformations soudaines de services gratuits en services payants. Bannie, encore, l’institution trop évidente d’une hiérarchie de classes. « Si des clients voient passer sous leur nez un service parce qu’ils manquent de moyens, ils vont être agacés. L’important, c’est de leur montrer qu’un jour, eux aussi, ils pourront y avoir accès », suggère Reinier Evers.
Pour le meilleur et pour le pire :
société de décryptage de la consommation Trendwatching