https://www.terraeco.net/spip.php?article40290
|
Afrique : des pratiques chinoises accablantes
jeudi, 8 décembre 2011
/ Novethic / Le média expert du développement durable |
Un rapport de Human Rights Watch pointe du doigt les exactions commises par les sociétés minières chinoises en Zambie.
Dans un rapport de 122 pages, Human Rights Watch dresse un tableau accablant des pratiques chinoises en Zambie. Dans ce pays où les mines de cuivre rapportent deux tiers des revenus de l’Etat et 38% de la production mondiale, les miniers chinois ont pignon sur rue.
Parmi eux, NFC (China Non-ferrous Metal Industry’s Foreign Engineering & Construction). Cette grande entreprise cotée à la Bourse de Shenzhen a profité de la vague de privatisations des mines zambiennes à la fin des années 1990. Elle emploie plus de 2 000 mineurs en Zambie et contrôle une grande partie des exploitations de la ceinture de cuivre, au Nord de Lusaka. « Notre rapport se base sur plus de 170 entretiens, dont 95 avec des mineurs travaillant pour quatre entreprises minières chinoises en Zambie, nous explique Matt Wells, l’auteur de ce document. Les violations des droits des travailleurs dont nous nous faisons l’écho ici viennent directement des ouvriers maltraités, des experts et des responsables syndicaux. La santé et la sécurité sont les deux problèmes principaux rencontrés dans les mines exploitées par les entreprises chinoises. »
Et c’est bien là toute l’ambiguïté de cette Chinafrique. Sous prétexte de construire des infrastructures et de créer des emplois, la Chine exporte son modèle. Un « néo colonialisme » pour cette Afrique rongée par le chômage et la pauvreté. « Les investissements considérables de la Chine dans l’industrie de l’extraction du cuivre en Zambie peuvent bénéficier à la fois aux Chinois et aux Zambiens.
Mais les mineurs travaillant dans les compagnies dirigées par des Chinois sont soumis depuis longtemps à des conditions violant leurs droits en matière de santé, de sécurité et de travail, dans l’indifférence du gouvernement, constate HRW. Bon nombre des mauvaises pratiques que nous avons constatées en matière d’hygiène et de sécurité dans les mines de Zambie dirigées par des Chinois rappellent de façon frappante les abus que l’on constate en Chine. »
On connaissait jusque-là de la Chinafrique son goût pour les dictatures. Soudan, Zimbabwe ou Libye de Kadhafi. La Chine ne s’embarrasse pas de bons sentiments quand il s’agit de faire des affaires et surtout d’assurer sa sécurité énergétique et alimentaire. Le pays manque en effet de tout et surtout de pétrole et de matières premières. Il est aujourd’hui le plus grand consommateur de métaux non-ferreux comme le zinc, l’aluminium ou le cuivre de Zambie. L’Afrique constitue donc son nouveau terrain de chasse et les entreprises chinoises y sont particulièrement actives : des mines de Zambie et du Congo, en passant par le pétrole du Nigeria, du Gabon, du Tchad et de l’Angola.
Les investissements directs de la Chine en Afrique ont été multipliés par deux en cinq ans et dépassent aujourd’hui le milliard d’euros. Cette stratégie chinoise du « Zouchuqu », littéralement « Sortir des frontières », s’accompagne cependant de nombreuses exactions qui alimentent en Afrique un sentiment anti-Chinois grandissant. L’envers du décor ce sont en effet ces 100 000 Chinois qui travaillent en Zambie. Petits commerçants, contremaîtres, expatriés… On estime que 300 entreprises chinoises sont implantées en Zambie et la plupart ne sont là que depuis une petite dizaine d’années. Attirées par ce pays d’Afrique australe riche en « or rouge » et zone de non-droit.
Cet article de Stéphane Pambrun a initialement été publié le 14/11/2011 sur le site de Novethic, le média expert du développement durable.
JPEG - 27.4 ko 150 x 92 pixels |