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Se dirige-t-on vers un « automne américain » ?
mercredi, 5 octobre 2011
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Depuis mi-septembre, les manifestations aux Etats-Unis perdurent et s’étendent. D’autres sont prévues ce mercredi dans tout le pays. Le point sur cette mobilisation en trois questions.
Un vaste mouvement de protestation est-il en train de naître aux Etats-Unis ? « Occuper Wall Street », né à New York le 17 septembre dernier, ne cesse de s’étendre. Des dizaines de manifestations sont à nouveau prévues ce mercredi aux quatre coins des Etats-Unis. Plusieurs syndicats devraient même se joindre aux cortèges pour la première fois. Terra eco fait le point en trois questions.
« C’est un mouvement qui fédère beaucoup d’étudiants, mais aussi des gens très divers, car il ne répond pas à un parti, une idéologie ou une cause particulière mais à une indignation, un dégoût », avance Marianne Debouzy, historienne spécialiste des Etats-Unis et des mouvements sociaux. L’anthropologue David Graeber, parle lui dans le quotidien The Guardian d’une « nouvelle génération d’Américains qui termine ses études sans trouver travail ni futur, accablée par des dettes énormes », et « qui vient principalement de milieux modestes ».
Plusieurs manifestants et militants ont d’eux-mêmes voulu publier leur portrait photo en résumant leur désarroi en quelques mots. Ces témoignages sont à lire par ici.
De nombreuses célébrités américaines se sont par ailleurs rendues sur les lieux : le réalisateur Michael Moore a échangé avec les manifestants, tandis que le prix Nobel Joseph Stiglitz a donné un petit cours d’économie aux manifestants.
« En manifestant là, les Américains interpellent directement le pouvoir financier, qui est jugé comme autonome, voire au-dessus du politique », analyse pour sa part Alain Bertho, anthropologue et spécialiste des émeutes.
Après le printemps arabe, les étés grec et londonien, va t-on vers un automne américain ?
Le milliardaire et maire de New York Michaël Bloomberg a lui-même comparé le mouvement de Wall Street aux autres protestations spontanées qui ont éclaté en 2011.« De nombreux jeunes diplômés ne trouvent pas de travail (…). C’est la même situation qu’au Caire ou à Madrid (…) mais on veut éviter le même genre d’émeutes ici. »
Et pour cause, les similitudes sont frappantes entre ces mouvements. Marianne Debouzy confirme que les indignés américains s’inspirent des indignés européens, qui eux-mêmes imitent largement les révoltes arabes. « Ce mouvement se caractérise surtout par son caractère démocratique : il n’y a pas de leader, tout se décide en Assemblée générale », détaille-t-elle. Difficile pour autant de préjuger du succès ou non de ce mouvement, rappelle l’historienne, qui s’étonne simplement qu’il n’y ait pas eu plus tôt de mouvement social important depuis de la crise. « Le succès d’un mouvement dépend bien sûr de la réalité nationale du pays dans lequel il s’inscrit, avertit Alain Bertho, « et attention, aux États-Unis, il y a une forte tradition de manifestations festives de rue qui attirent soit très peu l’attention, soit les moqueries. » Des propos que confirme la réaction moqueuse des financiers aux balcons de Wall Street devant le passage des indignés.
Ou en suivant le livestream, tenu 24h/24. Il est plus ou moins intéressant selon l’heure de la journée mais vaut le coup, ne serait-ce que pour le forum ouvert à côté de la vidéo, où postent aussi bien les « occupants » que des internautes du monde entier :
La carte des autres manifestations dans des villes américaines :
Et encore d’autres liens réunis par le journaliste David Dufresne sur son blog.