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Plan Fillon : des doutes plein la dette
jeudi, 25 août 2011
/ Agathe Mahuet
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Impôt sur les hauts revenus, rabotage des niches fiscales, fin de la défiscalisation des heures supplémentaires… L’austérité annoncée ce mercredi par le gouvernement frappe fort. Symboliquement, tout au moins.
Objectif : un déficit maximum à 3% du Produit intérieur brut en 2013, contre 5,7% cette année. Annoncé ce mercredi par François Fillon, le plan de rigueur devrait permettre de dégager 1 milliard d’euros dès cette année, 11 milliards en 2012. Mais certains voient surtout dans la feuille de route du Premier ministre un « aveu d’échec » du sarkozysme. Zoom sur les mesures phares de ce plan anti-déficit :
Mais le plan d’économie ne fait pas l’unanimité. Nombreuses, les critiques se concentrent notamment sur « l’aveu d’échec » que représentent ces mesures.
Pour Claude Bartolone, député PS de Seine-Saint-Denis, elles témoignent « de la déconfiture dans laquelle s’achève ce quinquennat, le gouvernement [rompant] pour partie avec le cœur de sa politique fiscale, bienveillante depuis quatre ans à l’égard des plus fortunés. »
C’est un « pari perdu » ajoute l’éditorialiste du Républicain Lorrain , Pierre Frehel. « Le temps est celui des mesures conservatoires, visant à sauver le crédit du pays. »
Eva Joly, elle, juge « cosmétiques » la remise en cause du « travailler plus pour gagner plus » et la taxation des revenus « extravagants » . Mais pour la candidate Europe Ecologie-Les Verts, « ces éléments confirment la défaite de l’idéologie du candidat Sarkozy ».
La mini-taxe imposée aux méga-riches est aussi pointée du doigt. Le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon parle d’un « contre-sens dramatique : sur onze milliards de coupes claires définitives, les riches ne donneront que moins de 10 % et encore, à titre provisoire ».
François Bayrou lui, considère que ces mesures budgétaires ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation de la dette française. « C’est un plan de rustines », a expliqué le candidat du Modem.« On va mettre des taxes sur les sodas, augmenter le prix du tabac pour la millième fois, raboter ici ou là… »
Seuls le parti majoritaire et certains éditorialistes applaudissent les mesures, comme Gaëtan de Capèle qui souligne, dans Le Figaro, « le réalisme et le pragmatisme » dont fait preuve le gouvernement « dans des circonstances difficiles ».
En Europe, où les plans d’austérité se succèdent – à Rome, à Lisbonne ou à Athènes – on dénonce aussi un plan d’austérité « pas à la hauteur », comparant avec étonnement le dégagement sur deux ans de 12 milliards d’euros au déficit abyssal national, qui devrait atteindre 100 milliards fin 2011. « La rigueur de Paris paraît pâle face aux 45 milliards d’économies annoncés ce mois par Rome », commente Frédéric Lelièvre dans le quotidien suisse Le Temps. « L’Italie sent davantage la pression du marché, mais les taux d’intérêt payés par la France ne cessent eux aussi d’augmenter. »
En Espagne, où un durcissement de la rigueur devrait également être voté fin août, la correspondante à Paris d’ El País estime que la réforme française est « plus symbolique qu’autre chose », tandis que l’éditorialiste du quotidien assure qu’une telle « augmentation de la pression fiscale est une voie valable », quoique de telles décisions devraient être « harmonisées dans la zone euro ».