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Le revenu universel : mieux que le RSA ?
jeudi, 12 mai 2011
/ Julia Pascual / Journaliste indépendante. Collabore à Terra eco depuis novembre 2010. |
Pour lutter contre « l’assistanat », Laurent Wauquiez veut conditionner le RSA à des travaux d’intérêt général. A l’autre bout du spectre, des politiciens et économistes défendent l’instauration d’un revenu pour tous, sans conditions.
Qu’est-ce que c’est ?
Pour le parti pour la Décroissance, la « dotation inconditionnelle d’autonomie pour tous » serait versée à l’ensemble des citoyens « de la naissance à la mort », riche ou pauvre, avec ou sans emploi. L’objectif : rompre avec l’ « assistanat humiliant » en permettant une « existence digne ». Egalement favorable à l’instauration d’un revenu maximal autorisé, les décroissants espèrent valoriser et stimuler les activités non-marchandes : associatives, familiales, politiques, culturelles...
Effets bénéfiques collatéraux : la réduction du temps de travail des uns entraînerait un partage du travail qui bénéficierait aux autres. De même, les employeurs seraient incités à mieux rémunérer les tâches pénibles pour trouver des candidats. A moins que ces tâches soient réorganisées « dans le cadre d’un service d’intérêt général commun à tous les citoyens », propose le parti. En outre, la dotation ne serait pas uniquement pécuniaire mais se traduirait aussi par l’accès gratuit à des services : eau, électricité, transport, gaz... Pour financer leur système, les décroissants comptent sur la réaffectation de l’ensemble des prestations sociales, la taxation des revenus et l’instauration d’une « taxe carbone » à la consommation.
Au sein d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le débat n’est pas tranché. Mais Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit et Cécile Duflot se sont individuellement prononcés en faveur d’un revenu universel. « Le parti n’a pas formalisé sa position mais ce n’est qu’une question de mois », avance Jean Desessard, sénateur Verts de Paris et fervent défenseur d’un revenu universel de quelque 800 euros.
L’économiste Karl Widerquist a étudié les résultats et trouvé que, dans les ménages observés, les hommes réduisent leur temps de travail de 0,5% à 9% (2), soit une demi-heure à quatre heures de travail en moins par semaine. « C’est la preuve que les gens continueraient d’avoir une activité, même s’ils y consacreraient un peu moins de temps, analyse Baptiste Mylondo. La baisse la plus importante d’heures travaillées a concerné les étudiants et les lycéens. »
Dominique de Villepin a fait sensation il y a quelques semaines, en se prononçant en faveur d’un « revenu citoyen » de... 850 euros ! Toutefois, ce revenu serait réservé aux Français « sans ressources » et aux travailleurs dotés d’un salaire faible, dans la limite d’un plafond de 1500 euros net par mois. « Le risque, c’est que l’on retombe dans une stigmatisation des plus pauvres », avertit Baptiste Mylondo. Autre particularité du projet villepiniste, il exige une contrepartie aux actifs sans revenu : l’obligation de voter et de s’engager dans un « service de l’intérêt général » qui pourrait prendre la forme de bénévolat dans des associations, des collectivités territoriales ou services publics de l’Etat.
Le parti Alternative libérale, favorable à une « allocation universelle », plaide lui aussi pour une monnaie d’échange « qui pourrait être un service national (dans la sécurité civile, les forces de polices, l’armée) de deux ans ». Deux formules qui ressemblent finalement de près à la proposition de Laurent Wauquiez d’imposer des travaux d’intérêt général aux bénéficiaires du RSA .
Un non-sens pour le député Jean Desessard : « On n’est pas capable de mettre en place un tel système. Il faudrait pouvoir contrôler les gens, être sûr qu’ils sont qualifiés pour la tâche qu’il leur incombe, vérifier, s’ils refusent la contrepartie, que leur motif est valable... Et si contrepartie il y a, ça veut dire que certains n’auront pas droit au revenu. Alors il n’est plus universel. » Le père du RSA, Martin Hirsch, avait aussi mis en garde il y a quelques semaines contre certaines dérives. Si les bénéficiaires du RSA (demain du Revenu citoyen ?), devenait une main d’oeuvre gratuite, leur employeur s’empresserait de les substituer aux salariés rémunérés.
(1) Baptiste Mylondo est l’auteur de « Ne pas perdre sa vie à la gagner » (2008) et « Un revenu pour tous » (2010)
(2) « A Failure to Communicate : What (if Anything) Can we Learn From the Negative Income Tax Experiments ? », Journal of Socio-Economics, 2004.
Le site apolitisé de Pour un revenu social
Le site de l’Appel pour un revenu de vie, un collectif constitué de citoyens et de militants de "l’Appel et la Pioche", d’Europe Ecologie – Les Verts, du Parti de gauche, d’Utopia, de Sauvons les riches...