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Quels risques pour les travailleurs du nucléaire en France ?
vendredi, 18 mars 2011
/ Elsa Fayner (Rue 89) / Elsa Fayner est journaliste à Rue89 spécialisée sur les questions relatives au monde du travail. En 2008, elle a publié « Et pourtant, je me suis levée tôt… Une immersion dans le quotidien des travailleurs précaires ». Elle est l’auteure du blog « Et voilà le travail ». |
Entretien avec Michel Lallier, représentant de la CGT au Haut Comité à la transparence et à l’information sur la sécurité nucléaire qui pourrait être chargé de l’audit du parc nucléaire français qu’annonce le gouvernement.
Quelle est la procédure en France en cas d’accident ?
Après Tchernobyl, EDF a dressé des listes des agents volontaires en cas d’accident. À Chinon (où Michel Lallier était secrétaire du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, ndlr), sur 800 agents habilités à travailler en zone à risque, il y a eu 700 volontaires. Ça s’est fait en accord avec la médecine du travail. Et, le moment venu, il leur sera demandé à nouveau s’ils sont toujours volontaires.
En dessous de 100 millisieverts, les effets sont retardés, comme ceux de l’amiante. Au-dessus, ils peuvent être immédiats : modification de la formule sanguine, atteintes digestives, neurologiques…
Le problème, c’est qu’il n’existe pas de registre des cancers dans les départements. Et les salariés ne les déclarent pas toujours comme maladies professionnelles : seuls les cancers des poumons et de la thyroïde entrent dans les maladies reconnues dans ces cas-là. Pour les autres cancers, il faut passer de commission en commission, ce que les agents EDF peuvent faire, pas les intérimaires.
Par exemple, à Chinon, quand les vieilles centrales ont été démantelées, des sous-traitants qui ne connaissaient pas du tout les lieux sont intervenus et plus personne ne savait où passait les tuyaux, ce que les murs contenaient, plus rien. Il y a eu des accidents du travail à cause de ça. Et, quand ça arrive sur une centrale en activité, ça peut poser des problèmes de sécurité qui ne concernent pas seulement les travailleurs du nucléaire.
C’est selon la conscience de chacun.
Avant, il y a 10-15 ans, les intérimaires « oubliaient » de mettre leur dosimètre en marche quand ils prenaient ce genre de risque, comme ça ils ne se faisaient pas engueuler, ils ne se prenaient pas d’avertissements, et ils ne risquaient pas le chômage technique, quand la dose maximale était atteinte. C’est aujourd’hui que les maladies se déclarent pour eux.
Propos recueillis par Elsa Fayner, initialement publié sur le blog « Et voilà le travail »