https://www.terraeco.net/spip.php?article15552
|
Les éoliennes en mer, ça défigure l’horizon ?
lundi, 31 janvier 2011
/ Anne-Sophie Novel (Ecolo Info) / Fondatrice d’Ecolo Info |
Ça ressemble à quoi depuis la côte, une éolienne ? C’est la question qui déchire pro et anti-turbines une semaine après le choix par le gouvernement français de l’emplacement des premiers parcs marins.
La semaine dernière, le gouvernement a donné le top départ de l’implantation des éoliennes en mer. Les parcs seront positionnés au large de Dieppe-le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-mer, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. Mais que verra-t-on depuis la côte ? Tout dépend de la position – idéologique – que l’on a sur le sujet.
Pour respecter les engagements du Grenelle de l’environnement, le gouvernement prévoit d’installer 1 200 éoliennes au large du littoral français d’ici à 2020. On connaît désormais l’emplacement choisi pour la moitié des parcs, comme montre cette carte fournie par le ministère.
Comme il n’existe pas encore en France de parcs éoliens en mer, est-il possible d’imaginer l’importance qu’elles prendront dans le paysage ? Alain Barbier, président de l’association Vent de travers, compare les anti-éoliens à des « Don Quichotte, contre tous ces dévoyés de l’écologie ». Selon lui, les éoliennes ne sont pas tellement plus discrètes en mer : « Les éoliennes sont toujours visibles, sauf en cas de brouillard dense. Les jours de grand soleil, elles se détachent avec violence dans le paysage. Les flashes lumineux blancs sont visibles de jour et particulièrement violents le soir. La nuit, les clignotants rouges déchirent toutes les deux secondes l’obscurité. »
D’autres militants anti-éoliens désespèrent, tel Xavier Nardin : « Un promoteur a osé dire que les éoliennes côte ouest Cotentin se verraient peu parce que la Terre est ronde… Faut-il en rire ? »
Pour comparer leur point de vue avec celui des industriels, prenons un exemple de projet qui ne fait pas partie des zones retenues par le gouvernement et dont on ne sait pas encore s’il va aboutir : à Bretteville-sur-Ay, il est question d’implanter le parc éolien des Grunes à un minimum de 7,3 km des côtes. Sur le tract (photomontage ci-dessous) distribué aux habitants par une association locale de la Fédération environnement durable, l’horizon serait marqué par la présence de quarante éoliennes.
Hervé Texier, président de Basse-Normandie environnement et vice-président de la Fédération environnement durable, affirme : « Il faut réellement s’attendre à ce spectacle sur nos côtes car les éoliennes en Manche seront proches du littoral. Et la réalité dépassera la fiction. »
Or, le projet en question prévoit 28 éoliennes et la simulation visuelle (photo ci-dessous) de la compagnie porteuse du projet, Eole Res, donne une vision des choses fort différente.
Les militants savent organiser la mobilisation anti-éolienne, et parfois faire échouer les projets. Comme à Veulette-sur-mer, où des propriétaires de résidences secondaires, menés par Sabine Servan-Schreiber, ont provoqué l’arrêt d’un projet de 21 machines.
A qui se fier pour imaginer le futur ? Alain Barbier pense possible d’extrapoler l’implantation d’éoliennes en mer à partir d’éoliennes terrestres. Il explique : « Tout dépend de la focale de l’objectif. Le rendu est impossible : les éoliennes captent l’attention. Quand on regarde dans leur direction, on ne voit qu’elles. »
Prenons l’exemple du site du Bernard en Vendée, où sont implantées cinq éoliennes de 125 mètres de haut en bordure du marais poitevin. Sur la photo suivante, l’éolienne la plus à droite est à 7,5 km, la plus à gauche est à 8,7 km.
Selon le président de l’association Vent de travers, auteur de la photo :« Pour des éoliennes de 150 mètres de haut, et selon la relation de Thalès, cela correspondrait à ce que l’on verrait à des distances de 10,5 et 9 km. »
Jean Mathieu Kolb, de la Compagnie du vent, groupe GDF-Suez, nuance cette extrapolation : « Il est très difficile d’avoir un rendu visuel des éoliennes en utilisant des photos : une éolienne, c’est haut et très fin. Pour bien les voir à distance et en images, il faut un tirage sur format de page A3. Mais la relation est la suivante : une éolienne de 150 mètres de haut située à 15 kilomètres des côtes (comme cela est prévu sur le projet éolien des deux côtes situé dans la zone du Tréport, ndlr), cela se voit comme un objet de 1 cm de haut situé à 1 mètre de l’œil. »
La meilleure façon de projeter les parcs éoliens, c’est d’aller voir ceux qui existent. Au Danemark, par exemple. C’est ce qu’a fait la Commission particulière du débat public (CNDP) au sujet du projet de parc éolien des deux côtes.
Pêcheurs, élus, acteurs économiques et associations ont pu se rendre sur le parc de Horns Rev, dont les caractéristiques sont les plus proches du projet porté par la Compagnie du vent. De la côte, voilà ce que l’on voit.
La vidéo suivante présente un aperçu de près du parc éolien.
Des simulations pour le littoral français sont déjà disponibles, mais quelle confiance leur accorder ? Comme le rappellent les météorologues cités dans le débat public, 30% du temps, la visibilité est inférieure à 8 km. Les anti-éoliens n’en démordent pas : pour Xavier Nardin, « un parc éolien se verra quotidiennement s’il est situé à 50 km des côtes ».
A lire aussi sur « Terra eco » :
Voyage au pays de l’éolien offshore : vu de la côte (1/3)
Quand de Villiers retouche les éoliennes sous Photoshop
A lire aussi sur Rue89 :
- Les mots que souffle le lobby anti-éolien à ses sympathisants
Fan des énergies renouvelables, je suis devenu anti-éolien
Les industriels ne croient plus au marché français de l’éolien
JPEG - 6.9 ko 110 x 50 pixels |
JPEG - 161.9 ko 621 x 460 pixels |
JPEG - 66.2 ko 621 x 215 pixels |
JPEG - 89.5 ko 621 x 621 pixels |
JPEG - 127.4 ko 621 x 466 pixels |