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J’ai testé : le pressing écolo
mercredi, 26 janvier 2011
/ Laure Noualhat / Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet. |
Laver, c’est pas du propre. La faute aux produits débarbouillants. Et si la solution passait par le nettoyage au sable ?
« Mimi Cracra, l’eau elle aime ça ! Tant pis si ça mouille, je fais des patouilles. » Toute petite, Mimi m’a appris à dégueulasser mes vêtements en toute impunité. Aujourd’hui, grâce à elle, ma penderie s’apparente à Beyrouth après quinze ans de guerre civile ! Véritable souillon, ennemie jurée du fer à repasser, amatrice de côtes-du-Rhône et de robes colorées, je suis un don du ciel pour les pros du détachage. Sauf que le pressing, c’est moche pour les ressources en eau, la santé du salarié et celle des voisins. Le nettoyage à sec utilise du perchloroéthylène, un solvant qualifié de cancérigène probable. En décembre dernier, une information judiciaire pour « homicide involontaire » a été ouverte à Nice (Alpes-Maritimes) pour éclaircir la mort d’une vieille dame qui habitait au-dessus d’un pressing et dont l’autopsie a révélé des traces importantes de… « perchlo ». Plusieurs ONG ont également demandé l’interdiction du produit. Alors, que fait-on ? On appelle la mère Denis pour qu’elle raboule avec son battoir ? Tsst, tsst : allons plutôt enrichir un pressing écologique.
Ledit pressing signe-t-il le retour de l’artisan détacheur qui s’inspire de produits du terroir pour venir à bout des taches ? Que nenni, on est dans la haute technologie. Des Américains ont développé une sorte de sable liquéfié, le silicone D5 – pour decamethylpentasiloxane – que l’on retrouve parfois dans certains shampooings ou déodorants. Le nettoyeur plonge délicatement vos chiffons dans le D5 avant d’y ajouter des lessives biodégradables pour parfaire le débarbouillage. Selon la société Sequoia qui a obtenu le brevet d’exploitation du procédé GreenEarth pour la France, le D5 – aussi appelé Siloxane – ressemble à un « liquide doux, incolore et inodore ». Il se dégraderait par photosynthèse en soixante jours et à 90 % en sable. Mais rares sont les pressings qui le balancent dans les bois pour vérifier… Ce que Sequoia ne dit pas, c’est que des études sont en cours pour déterminer l’impact environnemental et sanitaire du D5, que le Canada qualifie de « substance préoccupante ».
Le pressing Sequoia le plus proche de ma penderie se situant à plus de 20 mn en vélo (il n’en existe que 15 en France), j’ai emmené ma robe jonquille, victime d’un méchant bourgogne, dans un pressing à la devanture nature (c’est-à-dire bleue et verte). « Ici, on recycle nos eaux usées », m’a-t-on assuré. Concernant le « perchlo », le tenancier m’a prévenue : « Euh, la robe est très tachée. » Résultat : le jaune pétant a fait place à une version poussin bien moins glorieuse. Délavée, mais propre ! En revanche, RAS concernant le repassage de la chemise en soie. Reste une énigme : pourquoi est-ce environ 20 % plus cher que dans les pressings traditionnels ? —