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Acheter une forêt : ça rapporte ?
jeudi, 15 juillet 2010
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Acheter son petit lopin d’arbres, c’est possible. Les sociétés spécialisées dans l’investissement forestier vantent les mérites d’un placement sûr, rentable... mieux, écologique. Promenons-nous dans les bois...
Refroidi(e) par le yoyo des marchés mais soucieux de gonfler votre bas de laine pour les jours de pluie, vous vous demandez où placer votre argent. Ça tombe bien : une publicité traîne dans votre boîte mail. La forêt ? « Un placement enraciné dans la durée » dit la jolie plaquette. Et de vous vanter le mérite de ce produit financier stable, fiscalement intéressant et écologiquement bénéfique. L’œil vissé à l’écran, vous vous voyez déjà planter votre hamac à l’ombre d’un grand chêne ou plonger le nez dans la mousse. Vous n’êtes pas le seul. Depuis 2006, le montant des transactions dépasse le milliard d’euros chaque année.
Mais d’où viennent donc les pièces qui atterrissent dans la poche du propriétaire ? Des baux payés par les chasseurs ou de la vente du bois. En 2008, les cours ont baissé, entraînés par la déroute du marché immobilier. Mais les sociétés sont optimistes. Car le bois peut se faire biomasse et produire de l’énergie renouvelable, un secteur fortement en vogue. Du coup, quand vous en aurez assez de compter vos troncs, vous pourrez toujours revendre et encaisser une plus-value. Sur dix ans, la valeur d’un bout de forêt non bâti a gagné 6,7% par an.
Mais si certains choisissent la forêt, ce n’est pas pour aller tirer le cerf ou encaisser le produit du bois. Mais pour dé-fis-caliser. Car vos quelques hectares ne pèsent, au regard du fisc, que 25% de leur montant. « C’est un moyen qu’on trouvé les propriétaires pour transmettre leur patrimoine à moindre frais », opine M. Lefèvre.
La protection de la forêt d’accord, mais grimpons d’un cran : les investissements forestiers pourraient-ils un jour aider la France à atteindre ses objectifs environnementaux ? « Le protocole de Kyoto autorise un pays à déduire de ses émissions la capacité de ses puits forestiers. Sauf qu’il y a un plafond que la France a atteint aujourd’hui. Un nouveau texte pourrait changer les choses », souligne Jérôme Frignet de Greenpeace. Les États pourraient-ils alors rémunérer les propriétaires de forêts pour les services rendus dans la diminution des émissions de C02 ? « Des études ont montré que la production forestière ne représentait que 10% de la valeur des services forestiers, rappelle M. Lefèvre. Il y a bien sûr la séquestration carbone, la qualité de l’eau, les champignons mais aussi le bien être et la qualité du paysage. » Traduction : si les experts arrivent un jour à se mettre d’accord, votre petit bout de forêt pourrait bien valoir son pesant de cacahouètes.
Le montant des transactions dépasse le milliard d’euros par la Société Forestière de la Caisse des dépôts de la Caisse des dépôts`
European forest
La Foncière forestière