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Christian Scherer, fou du roi
jeudi, 25 novembre 2004
/ Cyril Bitton (photos)
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/ Hélène Hesse
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"L’audace réformatrice" ? C’est le credo du haut fonctionnaire Christian Scherer. Sa vocation : moderniser le service public. Par la grâce des technologies de l’information, pour le bien public et avec un soupçon de folie.
Christian Scherer est un haut fonctionnaire avenant. Un "techno" pur (Mines, Polytechnique) resté humain. Depuis quelques semaines, il a quitté Bercy et la mission à l’économie numérique, pour le ministère de l’Ecologie et du Développement durable. Il y a été appelé par Thierry Trouvé, directeur de la Prévention des pollutions et des risques, pour moderniser son administration.
Mais Scherer s’est fait un nom ailleurs, sur la scène de l’Internet français, pour avoir mis en ligne le Journal Officiel de la République. Le tout, gratuitement dès les débuts du web. A l’époque, Adminet dérange [1]. Notamment la société de télématique qui gère pour l’Etat la diffusion du JO via le Minitel, et songe à le faire de façon payante sur le Net. Un matin de février 1996, Scherer est convoqué au ministère de l’Industrie... "Le jour même, j’ai tout arrêté. J’ai fermé Adminet, et le soir je peux vous dire que j’ai bien dormi". En définitive, les talents de Scherer seront bien exploités par sa tutelle, le ministre de l’Industrie : "Borotra s’est renseigné sur moi, puis m’a gardé pour lancer Evariste, une bourse de projets technologiques", raconte Scherer, qui lance alors un des premiers site web officiel français.
En fait, Scherer passe son temps à rêver de modernisation. Et depuis sa première connexion transatlantique, un jour de 1972 (!), il a entre les mains l’outil dont il a su avant tout le monde qu’il lui servirait de "libérateur" des compétences dans l’administration française. Alors il forme sans relâche des disciples de l’IP (Internet Protocol). Injecte du "transversal" dans la haute administration. Participe à l’élaboration de rapports fondateurs : rapport "Yolin" sur l’Internet dans les PME, rapport "de la Coste" sur l’Hyper-République.
Passé du Minefi à l’Ecologie, Christian Scherer peut continuer à déployer son penchant pour le "développement durable", terme récent et pourtant déjà galvaudé. "Le concept qu’il sous-tend est extrêmement profond et puissant, insiste-t-il pourtant. C’est la prise de conscience que la poursuite du développement - nécessaire car une grande partie de la population mondiale manque encore de l’essentiel - se heurte à des limitations naturelles". Mais attention, prévient Scherer, pas question de mélanger modernisation et révolution. "Le développement durable est plus qu’un simple concept écologique qui consisterait à ne rien faire ou à respecter la nature. Je rappelle que celle-ci n’a pas toujours été clémente avec l’humanité, que l’homme doit se battre avec elle".
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