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L’emballage est une ordure
jeudi, 10 mars 2005
/ ponofob (illustration)
,
/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco , / Simon Barthélémy |
Plastique, verre, papier, carton... Chaque année en France, plus de 100 milliards d’emballages - environ 8 millions de tonnes de déchets - sont utilisés et jetés par les ménages. Ils ont pris une telle place dans nos poubelles qu’aujourd’hui, celles-ci débordent. Menacés d’asphyxie, les élus locaux tapent du poing. Les industriels font la sourde oreille. Les pouvoirs publics tergiversent. Dans le même temps, 55 millions de Français trient sagement leurs déchets. Un geste citoyen en apparence, mais en pure perte ?
Chaque soir, c’est le même rituel. Françoise, prof, la cinquantaine, passe un à un sous le robinet les pots de yaourts engloutis dans la journée. Acte citoyen ? Oui. Mais geste inutile. Le pot de yaourt incarne les nombreuses limites du système de traitement des déchets à la française. Les ménages de l’Hexagone produisent chaque année plus de 26 millions de tonnes de déchets, l’équivalent d’une tonne et demie par an pour une famille de quatre personnes. Un tiers de ces déchets est constitué d’emballages. "C’est en volume, la moitié du contenu de nos poubelles, et le tiers en poids", précise Véronique Marie de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de Bretagne. Or, malgré le développement du tri, seulement 15% des déchets sont recyclés, la majorité des ordures ménagères (dont une moitié d’emballages) est stockée et surtout éliminée. Comme nos pots de yaourts... Qu’ils soient aux fruits ou nature, consommés ou périmés, 7,642 milliards d’unités ont été jetées au cours de l’année 2000. Aucune filière de récupération ne s’est mise en place. Le plastique est difficilement recyclable, les emballages sont souillés, donc techniquement compliqués à traiter.
"C’est très simple, analyse Paul Deffontaine, viceprésident à la communauté urbaine de Lille et président du Cercle national des déchets, la France s’est aperçue au début des années 1990 qu’elle était assise sur un tas d’ordures dont elle ne savait que faire". Décharges à ciel ouvert, usines d’incinération très insuffisantes [1]
(en nombre et en qualité), indifférence des consommateurs... Le bilan était catastrophique. "Aujourd’hui, poursuit l’élu, on peut considérer que le tri a fait ses preuves, même si bien entendu, il reste encore insuffisant et imparfait."
Pour autant, la perte de poids à l’unité est loin d’enrayer la tendance. Le nombre d’emballages ne cesse de progresser (+1,8% par an entre 1994 et 2003), en raison essentiellement de l’essor du plastique (45 milliards d’emballages en 2000), la part des métaux et du verre tendant à diminuer. Eco-Emballages explique ce boom par les changements de mode de vie. "Aujourd’hui, les personnes seules représentent un foyer sur trois. L’offre des entreprises s’est donc adaptée à cette multitude de "micro-ménages" en développant des emballages plus petits", parts individuelles, plats à réchauffer.
Conséquence, en France, l’industrie de l’emballage pèse aussi lourd que l’aéronautique : 17,6 milliards d’euros en 2003. Mieux, s’enorgueillit Jean-François Stosser président du Comité de liaison des industries françaises de l’emballage (Clife) "l’emballage français avec ses 3000 établissements et ses 13000 salariés alimente près d’un tiers du chiffre d’affaires européen de la filière". Des arguments de poids face aux ONG environnementales.
Le Point Vert constitue l’une des cibles des revendications. "En Allemagne, les industriels sont responsables à 100% des emballages qu’ils produisent, contre moins de la moitié pour la France, et c’est tout simplement intolérable", s’insurge Paul Deffontaine, réputé pour son franc-parler...
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