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Ceci n’est pas un déchet
mercredi, 19 mai 2010
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
A l’occasion de la journée européennes de la mer ce jeudi, Surfrider Foundation se mobilise pour que les macro-déchets qui s’échouent sur les bords de mer soient reconnus comme une pollution et non comme une simple nuisance visuelle.
Des déchets, les pneus, les sacs et les emballages plastiques qui salissent les cours d’eau ? Des déchets, les bouteilles, les canettes et les mégots qui polluent les littoraux ? Pas du tout, répondent les textes européens. Car pour qu’il y ait déchet, il faut que l’on puisse identifier son propriétaire. Or ceux-ci se sont évadés des cycles normaux de traitement. Ces « macro-déchets » viennent de pique-niqueurs peu regardants ou sont jetés par-dessus bord en pleine mer. Certains, comme les cotons-tiges, parviennent même à passer entre les mailles des filtres de stations d’épuration. Ils ne sont alors ni contrôlés ni traités et personne n’en a la responsabilité. Un million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins sont tués par des macro-déchets chaque année, selon la Surfrider Foundation.
C’est contre ce vide juridique que l’association lutte depuis des années, au côté notamment de Robin des bois. « La reconnaissance en tant que déchet est un préalable nécessaire à des actions de lutte contre cette pollution », explique Cendrine Templier, directrice adjointe de la Surfrider Foundation.
Leurs espoirs reposent sur un texte européen qui porte le nom de « Directive cadre Stratégie pour le milieu marin » et a été adopté en juin 2008. « La directive vise à atteindre “un bon état écologique du milieu marin” sans pour l’instant en définir les critères. Notre objectif est que les macro-déchets soient considérés comme un indicateur d’évaluation du bon état écologique », détaille Charlotte Nithart, porte-parole de l’association Robin des bois.
Ces indicateurs sont en cours de négociation à la Commission européenne et devront être fixés en juillet prochain. Ils sont très importants puisque c’est sur ces critères que les Etats devront élaborer un programme de mesures visant le bon état écologique marin. La Surfrider Foundation passe donc à l’action et va remettre ce jeudi 20 mai, journée européennes de la mer, une pétition signée par 43 000 personnes à la Commissaire européenne aux affaires maritimes. Ils vont également initier six députés européens au surf pour qu’ils « se mettent dans la peau d’un usager des espaces maritimes ». Et pour qu’ils se jettent à l’eau contre les macro-déchets.
LE GRENELLE 2 RECONNAIT LES MACRO-DECHETS
« Le mot “déchets” a été ajouté, à notre satisfaction, dans le texte de loi Grenelle 2 lors de son passage en commission à l’Assemblée nationale en février dernier alors qu’il ne figurait pas dans le texte initial du Sénat », se réjouit Morgane Piederriere de France Nature Environnement. Un seul petit mot, dans un texte qui comporte plusieurs centaines de lois et d’amendements, mais qui change tout. Ils sont appelés « déchets » et non « macro-déchets » dans cet amendement mais y sont désormais reconnus comme une pollution maritime « susceptible d’entraîner des effets nuisibles pour les ressources vivantes et les écosystèmes marins ». Ce qui va permettre de mettre en place « une stratégie de lutte spécifique contre ces déchets », détaille France Nature Environnement.
Charlotte Nithart de Robin des bois regrette toutefois qu’un amendement anti-mégot ait été retiré de la loi Grenelle 2 en commission paritaire. Il prévoyait de rendre obligatoire les cendriers urbains devant les bars, restaurants et certains immeubles. « La secrétaire d’Etat à l’environnement Chantal Jouanno s’est engagée à agir pour que cette mesure soit adoptée par voie réglementaire », nuance-t-elle toutefois.