Qui n’a jamais eu la surprise de recevoir des annonces ciblées après une simple requête effectuée sur un moteur de recherche ou un échange d’e-mails ? Stéphane Petibon, directeur général de la start-up française Newmanity, en a fait la drôle d’expérience. Après une discussion sur Gmail avec un ami qui l’invitait à une fête juive, l’homme a reçu nombre de publicités intempestives et de liens sponsorisés qui l’exhortaient à voyager en Israël, apprendre l’hébreu ou encore commander en ligne de la nourriture casher. « J’étais patché par Google comme étant juif, alors que je suis athée », s’amuse-t-il. C’est en partant de cette anecdote que l’homme et son équipe créent Newmanity mail, avec une promesse : protéger vos données personnelles. A la différence des messageries électroniques classiques qui exigent vos prénom, nom et date de naissance notamment, Newmanity ne requiert à l’inscription qu’un identifiant et une adresse e-mail de secours. Le site s’engage en outre à ne pas lire les contenus échangés et à ne pas utiliser de « trackers comportementaux ». Le service est garanti sans spams, ni publicité.
Un data center vert
Mais les promesses de Newmanity ne s’arrêtent pas là. Financée par les dons de ses membres et par un investissement du philanthrope belge Pierre Moorkens, qui détient 65% du capital, la société ambitionne de fournir une boîte mail 100% écologique. Car l’envoi d’un courrier électronique, geste en apparence anodin, n’est pas sans impact sur l’environnement. Selon une étude publiée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en juillet 2011, envoyer un e-mail avec une pièce jointe d’1 Mo, c’est 20 grammes de CO2 émis : autant que lorsqu’on allume une ampoule de 60 watts pendant vingt-cinq minutes. Cette pollution provient de la consommation électrique de nos ordinateurs mais aussi des data centers, très gourmands en énergie, par lesquels transitent les e-mails. Newmanity promet de réduire par deux cette consommation. La solution ? Le data center EvoSwitch, installé aux Pays-Bas et alimenté uniquement avec des énergies renouvelables. Ce dernier utilise notamment la technique du free cooling, un refroidissement de l’air par le contact avec des endroits naturellement plus froids, l’air extérieur ou la terre. « C’est le seul en Europe qui peut se targuer d’avoir un bilan carbone neutre, soutient le directeur général, on en a cherché un en France, mais on n’a pas trouvé. »
D’autres facteurs, comme le poids de la pièce jointe, le nombre de destinataires et le temps de stockage des e-mails sur un serveur augmentent considérablement les émissions de CO2. Et là, Newmanity n’a pas de remède miracle. « Tant qu’on n’a pas trouvé de solutions techniques à ces problèmes, on fait un peu d’évangélisme auprès des utilisateurs », confie Stéphane Petibon. Ces derniers sont régulièrement invités à vider leur boîte mail, à compresser les pièces jointes ou encore à se désabonner des newsletters qu’ils ne lisent plus.
Pour prétendre au statut de boite mail 100% verte et compenser le restant de carbone, la start-up s’est engagée avec l’ONG Reforest’Action dans la plantation d’arbres dans la région du Sine Saloum, au Sénégal. Un choix qui n’est pas le fruit du hasard. « On ne voulait pas planter un arbre pour planter un arbre, raconte Stéphane Petibon. On recherchait une action qui a un fort impact social. » Pari réussi. Avec cette ONG, la plantation d’arbres permet à la fois de nourrir la population et de fournir du bois de construction.
Vers une version professionnelle
A ce jour, ce sont pas moins de 13 000 personnes qui se connectent chaque jour à Newmanity mail. La société, dont l’ambition est désormais de dégager des bénéfices, lance cette semaine sa version professionnelle, destinée aux entreprises. L’abonnement s’élève à quatre euros par mois. 20% de l’argent récolté sera reversé à des actions écoresponsables choisies au préalable par les salariés. Tandis que l’utilisation reste gratuite pour les particuliers qui peuvent soutenir l’initiative par des dons.
Fin 2016, Stéphane Petibon espère réunir 100 000 utilisateurs quotidiens. Si le service correspond à une réelle attente de la part du public, certains utilisateurs restent frileux à l’idée de changer de boîte mail. « C’est un peu comme changer de banque, décrit Stéphane Petibon, mais on travaille dessus pour faciliter le transfert d’une boîte à l’autre. »
Le site de Newmanity mail
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