A moins que vous – et votre entourage – ayez vécu loin d’Internet ces dernières vingt-quatre heures, vous avez, à coup sûr, lu ou entendu parler de « Prends cinq minutes, et signe, copain », la bédé publiée ce lundi par Pénélope Bagieu sur son blog. Si ce n’est pas le cas, cliquez sur l’image ci-dessous avant de continuer la lecture de cet article. Aussi renseignés que pédagogiques, les dessins de la blogueuse résument efficacement les graves conséquences écologiques et économiques du chalutage profond.
La dessinatrice invite ensuite les lecteurs à signer la pétition lancée par l’association Bloom en juin dernier contre cette technique de pêche. Et elle a été entendue. « Entre juin et hier, nous avions recueilli 27 000 signatures. Pénélope Bagieu a publié sa BD hier après-midi et ce matin à 7h45 nous en étions à 105 000 signatures. Depuis, notre serveur a planté à cause du trop grand nombre de connexions », raconte Claire Nouvian, fondatrice de Bloom. Quand nous l’avions interrogée il y a quelques semaines, la militante racontait sa difficulté de mener un combat dans l’ombre : « J’ai été naïve de croire qu’il suffirait de montrer la beauté des fonds marins pour qu’on ait envie de les préserver. Aujourd’hui, les industriels continuent de les dévaster, et le monde s’en fout ». Aujourd’hui, alors qu’elle lutte maintenant pour faire réparer le serveur qui héberge la pétition, elle est aux anges. « Ça fait dix ans qu’on se bat sur ce sujet. On a écrit des supers textes, on a fait des supers cartes mais quand on a parlé de nous, quand on a commencé à faire des JT j’ai toujours dit qu’il ne fallait pas s’attendre à un déclic magique. Et là c’est en train d’arriver, ça y est le sujet est sorti de l’ombre. » .
« Un super cheval de Troie »
A l’origine, c’est Pénélope Bagieu qui a proposé à la directrice de Bloom de dessiner sur le sujet. « J’ai assisté à la conférence Ted de Claire Nouvian en mars dernier (voir la vidéo ci-dessous). Les faits qu’elle expose sont terribles, on ne peut qu’être convaincu, peu importe ses opinions politiques. A l’époque j’ai voulu partager sur mon compte Twitter un texte ou une vidéo courte de l’association qui puisse faire le même effet aux gens et je n’en ai pas trouvé. Du coup j’ai voulu dessiner pour diffuser le message. La BD est un super cheval de Troie, c’est hyper digeste, ça permet d’amener le lecteur à n’importe quoi », se souvient Pénélope Bagieu, qui a demandé la vérification de Claire Nouvian avant de publier sa BD.Les deux femmes visent maintenant le seuil des 200 000 signatures, alors que le Parlement européen se penche actuellement sur le vote d’un nouveau règlement sur la pêche en eaux profondes. Et Claire Nouvian ne cache pas son ambition d’utiliser l’engouement pour cette BD dans son combat : « Malheureusement c’est comme ça que ça marche. La semaine dernière on était reçu à l’Elysée et un conseiller nous a fait comprendre, avec beaucoup d’arrogance, que 26 000 signatures ce n’est pas grand chose. Aujourd’hui, on fera valoir ces signatures quand on demandera un rendez-vous. Et je sais que la BD tourne actuellement au Parlement européen puisqu’Alain Cadec, un député européen opposé à l’interdiction de cette technique de pêche, vient de m’appeler pour nous en féliciter. » Avant de raccrocher, la militante assure avoir proposé à l’élu de changer de position.
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