Dans une décision rendue publique ce jeudi 21 juin 2012, le Jury de déontologie publicitaire a jugé que le groupe Intermarché induisait le public en erreur sur la réalité de ses actions. Fin 2011, la société assurait, via des publicités, à ses clients qu’ils pouvaient « savourer sans l’ombre d’un doute et pour longtemps encore » ses poissons. Ces réclames ne pourront plus être diffusées. |
« Quand les Mousquetaires s’engagent pour une pêche responsable, ce n’est pas un coup d’épée dans l’eau. » Ce message publicitaire diffusé fin 2011 vantait les efforts d’Intermarché en matière de respect de l’environnement et de protection des ressources halieutiques. Dans cette campagne, l’enseigne assurait aussi que le consommateur pouvait « savourer sans l’ombre d’un doute et pour longtemps encore » ses poissons. Faux, s’insurge l’association Bloom, dédiée à la protection des écosystèmes marins, qui a porté plainte contre Intermarché pour « publicité mensongère » devant le Jury de déontologie publicitaire. La plainte, déclarée valable par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) devrait être examinée ce vendredi.
Loin d’être vertueux, Intermarché pêche au chalut en profondeur, une pratique qui met « en péril les écosystèmes et organismes marins », souligne Bloom dans un communiqué. Le chalutage profond pratiqué par le groupe mettrait ainsi en danger des espèces de requins classés « en danger d’extinction » sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et ce, tout en placardant sur leurs produits un macaron – et non un label indépendamment contrôlé - « pêche responsable ».
Poissons capturés avec des engins équivalents à des bulldozers marins
Un logo qui – accuse encore l’ONG – ressemble à s’y méprendre au label MSC (Marine stewardship council), le seul habilité à une certification.« Cela paraît logique qu’Intermarché défende bec et ongles ses investissements en pêche bien qu’ils soient désastreux pour l’environnement , explique Claire Nouvian, fondatrice de Bloom, dans le communiqué mais qu’ils osent “écologiser” des poissons capturés avec des engins équivalents à des bulldozers sous-marins, déployés sur des espèces et dans des milieux très vulnérables, et qu’ils communiquent en plus publiquement à ce propos, c’est aller trop loin. »
« Nous faisons valoir devant l’ARPP la sincérité, le sérieux et le bien‐fondé de notre démarche, la loyauté de notre communication, et notre légitimité en tant qu’acteur engagé dans la pêche maritime en France depuis de nombreuses années », a rétorqué une porte-parole d’Intermarché dans un courriel. Le groupe a aussi souligné qu’il ne s’agissait pas d’une procédure judiciaire et que l’ARPP n’avait pas de pouvoir de sanction.
Lire le communiqué de l’association Bloom
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