Maquereaux, morues, merlans, les poissons disparaissent dangereusement de nos eaux. Si certains imaginent déjà la tristesse de leur assiette, d’autres craignent le bouleversement des écosystèmes marins. D’ultimes enfin, pleurent la déroute des pêcheurs, ces acteurs d’un système déjà largement sous perfusion publique.
Rien d’inéluctable, pourtant. Les poissons pourraient revenir rapidement buller dans nos mers et les pêcheurs s’en mettre plein les poches de cirés. La New Economics Foundation, un think tank britannique indépendant s’est penché sur les moyens d’en finir avec la crise des ressources halieutiques dans les mers du Nord-Est atlantique. En cinq ans, assure leur rapport, la plupart des populations de poisson étudiées pourraient retrouver un seuil dit « durable ». Pour atteindre l’âge d’or, pas d’hésitation : il faut introduire des moratoires dès 2013 sur les populations victimes de surpêche. Des interdictions plus ou moins longues en fonction de la capacité des espèces à regonfler leurs rangs : pour certains, une petite année suffira pour d’autres, il faudra cinq ou dix ans.
10,56 milliards pour les pêcheurs
Mais que se passera-t-il pour l’armada de pêcheurs et de navires forcée de rester au port ? Ceux-là devront être indemnisés à hauteur de la perte de leur revenu et de la dépréciation de leur flotte pendant la période de poisson maigre. « Ils ne seront pas payés à ne rien faire, tempère néanmoins Rupert Crilly, auteur principal du rapport de la NEF.Ils seront employés pour collecter des données, surveiller l’espace maritime ou vérifier que le moratorium est bien respecté. » Coût total du trou à combler pour les pêcheurs : 10,56 milliards d’euros. Une somme que l’expert voit préférablement venue de l’escarcelle privée, austérité européenne oblige.Comment convaincre les investisseurs de placer des billes dans l’aventure ? En leur promettant un retour sur investissement plus que raisonnable. Ils pourraient par exemple prêter de l’argent aux pêcheurs pour couvrir le manque à gagner et prélever une part sur leurs bénéfices futurs, imagine Rupert Crilly. Car la manne s’annonce importante. Plus nombreux à frétiller dans les eaux, les poissons seront en effet plus faciles à réunir dans les filets, chaque bateau pourra réduire le nombre d’heures passées en mer et donc limiter le coût de sa main d’œuvre. Mieux, les spécimens attrapés auront eu le temps d’atteindre la maturité : plus gros, ils devraient se vendre plus chers sur le marché. « Après la restauration des stocks, la valeur totale des prises triplerait, générant 16,85 milliards de revenus par an », souligne le rapport. Résultat : 1,48 euro engrangé pour chaque euro investi en moyenne sur dix ans et 14 euros créés pour le même euro englouti, si l’on considère une période de 40 ans (2013-2052).
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