En septembre 2007, nous barrions la une de Terra d’un enthousiaste « Climat : 10 raisons d’espérer ». Quatre ans plus tard, force est de constater que la sphère politique, en France, en Europe et ailleurs, a échoué à relever le défi. L’Agence internationale de l’énergie vient de nous prévenir : la porte est en train de « se refermer ». Si nous ne changeons pas maintenant notre façon de produire et de consommer l’énergie, alors nous n’éviterons plus des changements climatiques dangereux pour l’humanité (1).
Face au défi climatique, la politique, devenue l’art de la gestion frileuse et sondagière, se distingue par son incapacité à imaginer, à penser autrement, à inspirer le changement. Et, ce qui est désespérant, par son obstination à brandir les idées du passé. A gauche, on doit nécessairement répondre à la demande sociale par des promesses productivistes. C’est pourtant une impasse dans un monde aux ressources naturelles finies. A droite, on s’arcboute encore sur la dérégulation, alors que trente ans de recettes « thatchéro-reaganiennes » ont conduit le monde au bord du précipice financier, en passant par un choc pétrolier et des émeutes de la faim. Le tableau politique est sombre. Mais personne ne nous fera dire que la partie est perdue. En réalité, elle se joue ailleurs : la société civile est en marche et les lignes bougent à une vitesse phénoménale. Jamais le désir de changer de « système » n’a été si fort. Partout, des personnes osent franchir le pas, changer de vie, tenter de produire et de consommer différemment. C’est cela que nos élus n’ont pas compris et qu’ils doivent pourtant saisir, maintenant.
Rupture salvatrice et historique
Il faudrait être fou pour imaginer qu’une campagne présidentielle peut changer la face du monde. Mais si la France prenait la tête d’un ambitieux « Green New Deal » européen – qui nous tend les bras – le Vieux Continent amorcerait une rupture salvatrice et historique. Salvatrice, car elle ouvrirait une période de prospérité nouvelle et nous sortirait des « Trente Piteuses ». Historique, car elle ouvrirait la voie au reste du monde.Souvenez-vous, après la crise financière de 2008, cette promesse d’un « Green New Deal » avait émergé le temps d’une respiration médiatique. Et puis, plus rien. Nous voici à l’heure du choix. Nous pouvons sortir de la crise en pariant massivement sur une transition écologique de l’économie, créatrice d’emplois et de justice sociale, protectrice de nos ressources naturelles. La société civile est prête.
(1) « World Energy Outlook 2011 ».
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