Autour de Notre-Dame-des-Landes, deux visions de la société s’opposent. La première vit sur la persistance rétinienne d’un monde sans limite physique. La plupart des décisions y découlent de la recherche d’une croissance matérielle sans fin. Dans ce monde, doter nos territoires d’infrastructures routières et aéroportuaires supplémentaires relève de l’évidence. Une autre vision veut prendre en compte les règles et contraintes qui régissent les écosystèmes dont notre vie quotidienne dépend, à commencer par la contrainte climatique. Rien, même pas le capitalisme, ne peut durablement s’affranchir de ces règles. Ce ne sont pas les zadistes qui le disent. C’est la communauté scientifique internationale, réunie au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Ce sont des milliers de chercheurs, dont les travaux ont rendu possible la signature de l’accord de Paris lors de la COP21. Cette vision propose la prospérité partagée. Après des années de tergiversations, ces deux visions vont se départager par référendum, avec plusieurs préalables essentiels : qui vote, pour répondre à quelle question, avec quel niveau d’information sur le dossier ? Sur ce dernier point, la situation est kafkaïenne. Tout d’abord, les hypothèses sur lesquelles se fondent les avantages économiques du nouvel aéroport n’ont été fournies que dernièrement. Or, elles s’avèrent soit incomplètes, soit incompréhensibles. Ensuite, aucune étude d’ensemble indépendante n’est sur la table. Comment permettre aux citoyens de juger honnêtement ? Enfin, aucune alternative n’a été sérieusement imaginée, comme un aménagement des aéroports existants dans l’ouest, ou leur mise en réseau. Ce dernier point devrait trouver une réponse au printemps, puisque la ministre Ségolène Royal a interrogé ses services à ce sujet. Lorsque tous ces éléments seront apportés au débat, chacun pourra juger. Ce débat témoigne finalement de ce dont souffre la politique. Il devient de plus en plus difficile d’accepter cette forme de paternalisme qui consiste à décider à la place des citoyens. La société civile n’est pourtant pas constituée de sous-humains. Elle est là, avec ses idées et son courage, ses maladresses aussi, mais bien disposée à élever le débat et à changer le monde. Qu’on l’écoute enfin. —
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